AAC Colloque « Seeing Like and Beyond James C. Scott (1936-2024) »

Chères et chers collègues,
En espérant ne pas faire doublon, j’ai le plaisir de vous transmettre l’*appel à communications* (français et anglais) pour un colloque international transdisciplinaire, consacré à l’actualité de l’œuvre de James C. Scott. Cette manifestation intitulée « *Seeing Like and Beyond James C. Scott (1936-2024)* » aura lieu les 25 et 26 juin 2026, sur le campus Condorcet.
(English version bellow)
*Seeing Like and Beyond James C. Scott (1936-2024)*
Colloque international – 25-26 juin 2026
Campus Condorcet (Centre de colloques)
Place du Front populaire, 93300 Aubervilliers
*Appel à communications *
En juillet 2024, nous apprenions le décès de l’anthropologue et politiste états-unien James C. Scott, dont les travaux figurent désormais parmi les classiques des sciences sociales. Ce colloque international propose de réexaminer les propositions et apports théoriques de l’œuvre de James C. Scott, depuis ses débuts en 1968 sur ses terrains d’Asie du Sud-Est jusqu’à son dernier ouvrage *In Praise of Floods*, publié en 2025 à titre posthume.
Son œuvre se distingue par l’ampleur de ses enquêtes tout comme par la richesse de ses concepts et leur dimension heuristique. Elle participe à jeter un regard nouveau sur des questions classiques des sciences sociales et de l’anarchisme comme celles de la définition de l’État, du politique, ou encore des modes de domination et de résistance à l’autorité.
Lu aussi bien en anthropologie qu’en sociologie, en histoire, en philosophie, ou même en archéologie, James Scott a été pour chacune de ces disciplines une source d’inspiration, tout en suscitant des critiques. À ce titre, Scott incarne un auteur-carrefour à partir duquel un véritable dialogue interdisciplinaire peut s’engager. Ses thèses constituent également des sources d’inspiration au-delà de la sphère académique dans les univers militants que la critique de l’État intéresse.
Ce colloque souhaite s’employer à réactualiser sa pensée en la confrontant à des terrains d’enquête, une démarche encouragée par Scott lui-même de son vivant. Son objectif est d’évaluer les potentialités offertes par la réappropriation de ses concepts ou de ses analyses et de redessiner les contours de leurs champs d’application. Afin d’éviter de verser dans l’exercice mémoriel, sinon hagiographique, ce colloque entend assumer une perspective résolument critique, résonnant avec les approches épistémologiques de l’anarchisme qu’il a participé à développer. Ainsi, certains de ses travaux ont suscité d’importantes controverses qu’il serait intéressant de retracer mais surtout de poursuivre.
Nous encourageons les communications issues de toutes les disciplines des sciences humaines et sociales. Les propositions pourront porter sur les apports et les limites des travaux de Scott, soulever de nouveaux points en confrontant les outils d’analyse scottiens à des terrains d’enquête inédits, ou s’intéresser aux controverses qu’a suscité la réception de l’œuvre de Scott, en discutant des usages et interprétations parfois trop lâches qui ont pu être faits de certains concepts.
*Axe 1 : Repenser la domination et les résistances par l’infrapolitique et l’économie morale*
Contre les analyses en termes d’hégémonie, Scott préfère explorer les stratégies de résistances politiques mises en place par les subalternes pour saper la domination de l’État, des puissants ou des exploiteurs (Scott, 1987 ; 2009).
À travers la notion d’« infrapolitique », Scott met au jour une grammaire d’actes quotidiens réalisée par et entre les subalternes pour résister d’une manière illisible aux yeux des pouvoirs (texte caché), alors qu’ils et elles semblent formellement y consentir (texte public). L’infrapolitique, se distingue ainsi d’autres propositions apparemment proches, formulées en termes de « pré-politique », (Hobsbawm, 2012).
En adaptant le concept d’économie morale (Scott, 1976 ; Thompson, 1988, 2015) au cas des paysans dans les contextes coloniaux Birman et Vietnamien, Scott tente de saisir les systèmes de valeurs qui sont au principe de leur lutte pour le droit à la subsistance. L’économie morale, au sens Scottien, se réfère alors au système de valeurs dessinant le champ de l’acceptable et de l’intolérable et structurant l’expression des résistances feutrées. Si Scott prolonge et enrichit les cadres interprétatifs de Thompson (Fassin, 2009), son modèle tend parfois à réduire cette « culture populaire » à sa simple modalité de résistance (Cerutti, 2015 ; Siméant, 2010).
Les communications s’inscrivant dans cet axe pourront répondre aux questions suivantes :
Comment penser les frontières et les passages entre infrapolitique et politique ? L’analyse en termes d’infrapolitique est-elle réservée aux systèmes fortement stratifiés et répressifs (systèmes de castes, esclavagisme, sociétés autocratiques, etc.) ? De quels outils et méthodes dispose-t-on pour objectiver les résistances infrapolitiques tout en évitant l’écueil du tout-est-politique ?
*Axe 2 : L’État, le haut-modernisme et les « barbares » *
L’État figure comme un acteur ou plus encore un terrain d’enquête privilégié dans les travaux de Scott. Il entreprend une « histoire profonde » non-statocentrée de l’État (Scott, 2021), ce qui le conduit à identifier le cœur de l’activité étatique dans la mise en lisibilité et la standardisation des populations et de leurs environnements, pour mieux contrôler et prélever leurs productions (taxation, statistiques, conscriptions, etc.). S’il ne souhaite pourtant pas essentialiser le rôle de l’État comme intrinsèquement néfaste, il met l’accent sur l’émergence du haut-modernisme au XXe siècle comme tentative pour les États d’ordonner scientifiquement le « hiéroglyphe social », au moyen d’un arsenal coercitif et au prix d’une violence extrême entraînant la disparition des cultures locales (*mētis*).
Chez Scott, cette analyse de l’État s’écrit depuis des sociétés non-étatiques qui souhaitent justement fuir son contrôle (Zomia), et qui mettent en place des stratégies d’évitement pour se rendre illisibles. À la différence de Clastres, Scott relève que ces sociétés sont moins anti-étatiques (Clastres, 1974) que dans un rapport de coexistence avec lui. Elles entretiennent ainsi des relations d’interdépendances matérielles avec l’État (razzias, prisonniers, échanges économiques…).
À défaut de disposer d’une théorie générale de l’État chez Scott (M. Mann, 1999), quels sont ses apports aux théories de l’État et de la modernisation politique ? Comment les travaux de Scott permettent-ils de contribuer à penser des situations de crise de l’État (contextes de guerre civile, zones échappant au moins partiellement à son emprise, ou faiblesse plus structurelle des États) ? Comment saisir la dialectique qui s’établit entre les États et les « barbares » pensés comme « effets d’État » ? L’hypothèse d’une période « haut moderniste » est-elle pertinente d’un point de vue historique ? Peut-elle se vérifier empiriquement, et dans quelles limites ? Les communications pourront répondre à ces questions en s’appuyant sur des terrains originaux tout en veillant à dépasser l’opposition binaire entre États et groupes sociaux s’y opposant ou le fuyant.
*Axe 3 : Les implications épistémologiques et méthodologiques de l’anarchisme *
Scott, qui se découvre relativement tard de la filiation libertaire, ne se revendique pas toutefois « purement » anarchiste (Scott, 2013b). Il ne prétend, d’ailleurs, nullement participer à l’édification d’une doctrine idéologique systématique mais plutôt construire, de façon fragmentaire, un anarchisme de la « praxis » en proposant de poser sur le monde social un « regard anarchiste » (« *anarchist squint* »).
Chez lui, cela se traduit à la fois par une éthique de la désobéissance quotidienne et par une approche méthodologique et épistémologique singulière. Cette dernière consiste à disséquer les dispositifs d’État et à porter attention aux groupes qui mènent des actions politiques en dehors des formes institutionnelles à haut degré d’organisation. Scott prône ainsi une approche « populiste » et compréhensive des sciences sociales qui s’intéresse à la pensée politique des « non-élites ». Il met également en garde contre le fétichisme des archives écrites, produites par et pour les États, et réhabilite l’étude des sources orales, « plus démocratiques », redonnant aux subalternes leur *agency* comme véritables acteurs historiques.
Les communications s’inscrivant dans cet axe pourront ainsi interroger l’existence d’une science sociale anarchiste et la place que les travaux de James C. Scott y occupent. Comment son anarchisme épistémologique dialogue-t-il avec les autres sciences sociales ? Qu’implique concrètement pour le chercheur ou la chercheuse de « mettre les lunettes anarchistes » (« *seeing like an anarchist* ») ? Les communications pourront également discuter les apports et limites d’une anthropologie anarchiste classique qui se concentre sur la critique de l’État au détriment d’autres rapports de domination. Comment les perspectives intersectionnelles peuvent-elles être utilement croisées avec les travaux de Scott ?
Enfin, elles pourront également s’interroger sur la dimension plus politique, voire prescriptive, des travaux de Scott qui défendait l’observation d’une « callisthénie anarchiste », par l’adoption de réflexes quotidiens de désobéissance. Quels positionnements politiques défendait-il et comment ont-ils influé sur ses travaux ? Enfin, qu’est-ce que son parcours peut apporter aux réflexions sur l’engagement politique des chercheur.ses ?
*Axe 4 : Écologie de la liberté contre écologie de la domination ?*
Dans son triptyque sur les formations étatiques (Scott, 2013a, 2017, 2021), Scott montre comment les États standardisent l’environnement pour rendre le territoire lisible et dominer les populations qui les habitent. Selon lui, l’homogénéisation du territoire est inscrite dans la structure même des organisations étatiques, témoignant de leur « insoutenabilité environnementale et sociale ». Il nous invite ainsi à amorcer « une critique écologique de l’État » (Costa, 2024).
À cette écologie de la domination, il oppose une « écologie de la liberté » (Graeber et Wengrow, 2021) : des modes de subsistance et des rapports sociaux à la nature qui permettent de fuir l’emprise de l’État. Cette « agriculture fugitive », fondée sur des polycultures (cueillette, agriculture sur brûlis, culture de légumineuses, etc.) s’avère plus soutenable que celles des États. Il loue notamment la *mētis* barbare, soit l’ensemble des savoirs situés et vernaculaires qu’une société se transmet oralement pour s’adapter aux réalités écologiques de son territoire. À partir de cette *mētis*, Scott élabore notamment une critique de l’urbanisme moderniste dans le sillage des travaux de Jane Jacobs. En se concentrant sur la résistance des particularismes locaux, il permet de repenser la complexité de la ville à partir de ses potentialités en termes d’entraide et de communauté, là où l’urbanisme moderniste apparaît comme profondément antisocial (Scott, 2021). Les communications s’inscrivant dans cet axe pourront chercher à poursuivre ces réflexions.
Par ailleurs, si les États modernes homogénéisent leur territoire jusqu’à l’appauvrir, est-ce le cas des États « pré-modernes » ? Inversement, les sociétés « acéphales » ne peuvent-elles pas désirer certaines formes de mise en lisibilité initialement imposées par l’État (Buitron, 2023) ? Les communications venant renseigner ces rapports seront particulièrement appréciées.
Le rôle central que Scott accorde à l’environnement dans les processus de domination et d’émancipation le conduit par ailleurs à ériger la paysannerie en « premier agent social des révolutions au XXe siècle » en réhabilitant un sujet politique marginalisé par certaines traditions socialistes.
On a toutefois pu lui reprocher sa vision trop homogène de la paysannerie. En fonction des appartenances de classe, de genre, etc., au sein de la paysannerie, peut-on identifier des rapports différents aux modes de subsistance et à l’écologie ? En veillant à prendre en compte la diversité des stratégies paysannes, au-delà de la seule révolte, comment les travaux de Scott peuvent-ils permettre de mieux comprendre le rôle joué par certaines franges de ce groupe dans le changement social ?
Enfin, au-delà du rapport à l’État, ne faut-il pas interroger d’autres relations de domination susceptibles de traverser les écologies de la liberté ? Comment relire Scott à la lumière des travaux écoféministes ou décoloniaux ? Finalement, à l’heure de la crise climatique et de l’effondrement de la biodiversité, comment les travaux de Scott et les critiques qu’ils suscitent peuvent inspirer des modes de vie soutenables et des pratiques émancipatrices ?
*Comité d’organisation*

*Thomas Caubet* (ECHELLES, Université Paris Cité) –
*Pablo Corroyer* (CERAPS, Université de Lille / CERI, Sciences Po) –
*Donatien Costa* (SOPHIAPOL, Université Paris Nanterre / CERAPS, Université de Lille) –
*Coralie Douat* (Labex PasP – ISP, Université Paris Nanterre / CERAPS, Université de Lille) –
*Léo Grillet* (CEE, Sciences Po Paris) –
*Guillaume Fauvel* (IDPSP, Université de Rennes) –
*Soline Schweisguth* (CRH, EHESS / Institute of Modern History, Academia Sinica) –
*Margot Verdier* (École de Science Politique, Université Aristote de Thessalonique / CERAPS, Université de Lille)
*Comité scientifique*

*Natalia Buitron* (Department of Social Anthropology, University of Cambridge) –
*Sylvaine Bulle* (LAP, Université Paris-Cité) –
*Romain Bertrand* (CERI, Sciences Po Paris – CNRS) –
*Simona Cerutti* (CRH, EHESS Paris) –
*Nicolas Delalande* (Centre d’Histoire de Sciences Po, Sciences Po Paris) –
*Quentin Deluermoz* (Faculty of History, University of Cambridge / ECHELLES, Université Paris-Cité) –
*Jean-Paul Demoule* (Trajectoires, de la sédentarisation à l’État, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) –
*Didier Fassin* (Chaire « Questions morales et enjeux politiques dans les sociétés contemporaines », Collège de France / School of Social Sciences, IAS Princeton) –
*Émeline Fourment* (CUREJ, Université de Rouen Normandie) –
*Huang Shu-li* (Institute of Ethnology, Academia Sinica) –
*Mauve Létang* (TREE, Université de Pau et des Pays de l’Adour) –
*Marc Opper* (Department of Political Science, Randolph-Macon College, Virginia) –
*Johanna Siméant-Germanos* (CMH, CNRS – ENS Paris – PSL) –
*Erwan Sommerer* (Centre Jean Bodin, Université d’Angers) –
*Renato Sztutman* (*Departamento de Antropologia, Universidade de São Paulo*) –
*Stéphane Vibert* (École d’études sociologiques et anthropologiques, University of Ottawa.
*Modalités de soumission*
Les propositions de communications devront indiquer :

l’axe de l’appel dans lequel elles s’inscrivent, –
la discipline dans laquelle elles s’inscrivent –
cinq mots clefs, –
un titre, –
une bibliographie –
être anonymisées –
ne pas excéder 300 mots de résumé, incluant une présentation des matériaux, de la méthodologie, un positionnement par rapport à la littérature, une problématique et des axes.
Elles devront être envoyées au format .doc ou .docx à l’adresse suivante : *beyondscott@proton.me <beyondscott@proton.me>*
*Calendrier de l’AAC*
*28 novembre 2025 : *Date limite d’envoi des propositions de communication
*Début mars 2026 :* Notification d’acceptation ou de refus des propositions
*25-26 juin 2026 :* Colloque
*Bibliographie *
Buitron N., 2023, « Rule of Self and Rule of Law: Governing Opacity Among the Shuar of Amazonia », Ethnos, vol. 88, no 4, p. 749-773.
Cerutti S., 2015, « Who is below ? E. P. Thompson, historien des sociétés modernes : une relecture », Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 70, n o 4, p. 931-956.
Costa D., 2024, « De la lutte pour la terre à la lutte pour le territoire. Une lecture écologique du récit de l’accumulation primitive », Raisons politiques, 2024/4, no 96, p. 47-66.
Fassin D., 2009, « Les économies morales revisitées », Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 64, no 6, p. 1237-1266.
Graeber D. et Wengrow D., 2021, *Au commencement était… : une nouvelle histoire de l’humanité*, Paris, Les Liens qui libèrent.
Hobsbawm E. J., 2012 [1959], *Les primitifs de la révolte dans l’Europe moderne*, Paris, Fayard.
Mann M., 1999, « Book Review: “Seeing like a State” », American Journal of Sociology, vol. 104, no 6, p. 1813-1815.
Scott J. C., 1976, *Moral Economy of the Peasant: Rebellion and Subsistence in Southeast Asia*, New Haven, Yale University Press.
Scott J. C., 1987, *Weapons of the Weak: Everyday Forms of Peasant Resistance*, New Haven, Yale University Press.
Scott J. C., 2009 [1990], *La Domination ou les arts de la résistance*, trad. fr. O. Ruchet, Paris, Éditions Amsterdam.
Scott J. C., 2013a [2009], *Zomia ou l’art de ne pas être gouverné*, trad. fr. N. Guilhot, F. Joly et O. Ruchet, postface de R. Bertrand, Paris, Seuil.
Scott J. C., 2013b [2012], *Petit éloge de l’anarchisme*, trad. fr. P. Cadorette et M. Heap-Lalonde, Montréal, Lux.
Scott J. C., 2019 [2017], *Homo domesticus. Une histoire profonde des premiers États*, trad. fr. M. Saint-Upéry, préface de J-P. Demoule, Paris, La Découverte.
Scott J. C., 2021 [1998], *L’œil de l’État. Moderniser, uniformiser, détruire*, trad. fr. O. Ruchet, Paris, La Découverte.
Scott J. C., 2025, *In Praise of Floods: The Untamed River and the Life It Brings*, New Haven, Yale University Press.
Siméant-Germanos J., 2010, « “Économie morale” et protestation – Détours africains », *Genèses*, vol. 81, no 4, p. 142-160.
Thompson E. P., 1988 [1963], *La formation de la classe ouvrière anglaise*, Paris, Le Seuil.
Thompson E. P., 2015 [1991], *Les usages de la coutume : traditions et résistances populaires en Angleterre*, XVII-XIXème siècle, Paris, Éditions de l’EHESS.
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*Seeing Like and Beyond James C. Scott (1936-2024) *
International Conference – June 25–26, 2026 Campus Condorcet (Conference Center) Place du Front Populaire, 93300 Aubervilliers (Paris, France)
*Call For Papers*
In July 2024, we learned of the passing of American anthropologist and political scientist James C. Scott, whose work has come to be regarded as a classic in the social sciences. This international conference invites a critical re-examination of the theoretical contributions of James C. Scott’s work, from his early fieldwork in Southeast Asia in 1968 to his final posthumous book, In Praise of Floods, published in 2025.
Scott’s work stands out both for the breadth of his empirical contribution and for the richness and heuristic power of his conceptual input. It has helped to renew perspectives on enduring questions in the social sciences and anarchist domains—such as the nature of the State, the definition of the political, and forms of domination and resistance to authority.
Read as much in anthropology, sociology, history, philosophy, and even archaeology, James Scott has been a source of inspiration for each of these disciplines, while also drawing critical debate. He thus embodies a “crossroads author” whose work enables genuine interdisciplinary dialogue. His ideas have also resonated beyond the academic sphere, particularly among activist communities organized around the critique of the state.
This conference aims to revisit Scott’s legacy by confronting his concepts with empirical fieldwork, a methodological stance he himself encouraged. It seeks to evaluate the analytical potential of engaging dialogue with his work and to reconsider the scope and applicability of his theoretical tools. In order to avoid engaging in commemorative or hagiographic homage, the event will adopt a resolutely critical stance, in tune with the epistemological approaches of anarchism that Scott helped to develop. Indeed, some of his works have sparked controversies which would be interesting to trace and, above all, to debate.
We encourage contributions from all fields within the humanities and social sciences. Papers may examine the contributions and limitations of Scott’s work, test Scottian’s analytical frameworks within new empirical contexts, or focus on controversies raised by the reception of his work, discussing the appropriations and interpretations––sometimes to loose––of some of his concepts and notions. Thematic Area 1: Rethinking Domination and Resistance through Infrapolitics and Moral Economy
Against hegemonic based analysis, Scott prefers to explore in depth the political strategies deployed by subaltern groups to undermine the authority of the state, elites, and exploiters (Scott, 1987, 1990).
Through the concept of infrapolitics, Scott reveals a grammar of everyday acts enacted by and among subalterns (but not only, Massoumi and Morgant, 2024) to resist power in illegible fashion (“hidden transcript”), even though they seem to give apparent consent to it (“public transcript”). Infrapolitics thus differs from other related approaches such as “pre-politics” (Hobsbawm, 1959).
By adapting the concept of moral economy (Scott, 1976; Thompson, 1963, 1991) to the case of peasants in colonial Burma and Vietnam, Scott sought to grasp the value systems underpinning their struggles for subsistence rights. In the Scottian sense, moral economy refers to a system of values that defines the boundaries of what is acceptable or intolerable and shapes the expression of muffled forms of resistance. Although Scott extends and enriches Thompson’s interpretative framework (Fassin, 2009), his approach sometimes tends to reduce “popular culture” to a single sociological modality: the resistance (Cerutti, 2015; Siméant, 2010).
Contributions addressing this thematic area may address the following questions: How can we conceptualize the boundaries and connections between infrapolitics and formal politics? Is infrapolitical analysis confined to highly stratified and repressive systems (caste hierarchies, slavery, autocratic regimes, etc.)? What tools and methods are available and relevant to objectify infrapolitical resistance without falling into the trap of “everything is political”? Thematic Area 2: The State, High Modernism, and the “Barbarians”
The State appears as an actor—or even more so, a privileged site of inquiry—in Scott’s work. He undertakes a “deep history” of the State that is not state-centric (Scott, 1998), which leads it to identify the core of state activity, “the process of making populations and their environments legible and standardized”, in order to better control and extract their production (taxation, statistics, conscription, etc.). While Scott does not seek to essentialize the role of the State as intrinsically harmful, he emphasizes the emergence of high modernism in the twentieth century as an attempt by States to scientifically organize the “social hieroglyph,” by means of a coercive arsenal and at the cost of extreme violence resulting in the disappearance of local cultures (*mētis*).
For Scott, this analysis of the State is written from the perspective of non-state societies that seek precisely to escape its control (Zomia), and that develop avoidance strategies in order to make themselves illegible. Unlike Clastres, Scott observes that these societies are less anti-state (Clastres, 1974) than in a relationship of coexistence with it. They maintain material interdependencies with the State (raids, prisoners, economic exchanges…).
In the absence of a general theory of the State in Scott’s work (M. Mann, 1999), what are his contributions to theories of the State and political modernization? How do Scott’s work help us to think about situations of State crisis (contexts of civil war, areas partially escaping State control as ZAD or autonomous districts, or more structurally weak States)? How can we grasp the dialectic established between States and “barbarians” conceived as “effects of the State”? Is the hypothesis of a “high modernist” period historically pertinent? Can it be verified empirically and within what limits? Contributions may address these questions by drawing on original fieldwork while seeking to go beyond the binary opposition between States and the social groups that resist or flee its power. Thematic Area 3: The Epistemological and Methodological Implications of Anarchism
Scott, who only came to recognize his libertarian lineage relatively late, does not, however, claim to be a pure anarchist (Scott, 2012). He makes no claim to contribute to the construction of a systematic ideological doctrine, but rather seeks to construct, in a fragmentary manner, an anarchism of praxis by proposing to see the social world through an “anarchist squint”.
For him, this entails both an ethic of everyday disobedience and a distinctive methodological and epistemological approach. The latter consists in dissecting state apparatuses and paying attention to groups that engage in political action outside of highly organized institutional forms. Scott thus advocates for a “populist” and interpretive approach to the social sciences, focused on the political thinking of the “non-elites.” He also warns against the fetishization of written archives— produced by and for states—and rehabilitates the study of “more democratic” oral sources, restoring agency to subalterns as genuine historical actors.
Contributions to this thematic focus may thus interrogate the existence of an anarchist social science and the place of James C. Scott’s work within it. How does his epistemological anarchism interact with other social science traditions? What does it concretely imply for the researcher to “see like an anarchist”? Submissions may also examine the contributions and limitations of classical anarchist anthropology, which tends to focus on critiquing the state at the expense of analyzing other forms of domination. How could intersectional perspectives be usefully articulated with Scott’s work?
Finally, contributions may also reflect on the more political, even prescriptive, dimension of Scott’s oeuvre, who was advocating for an “anarchist calisthenics”, by cultivating daily habits and gestures of disobedience. What political stances did he defend, and how did these positions influenced his work? Ultimately, what can his intellectual journey contribute to current reflections on the political engagement of researchers? *Thematic Area 4: Ecology of Freedom versus Ecology of Domination?*
In his trilogy on state formation (Scott, 1999, 2009, 2017), Scott shows how states standardize the environment to render territory legible and to domesticate the populations inhabiting it. According to him, the homogenization of territory is embedded in the very structure of state organizations, attesting to their “environmental and social unsustainability.” He thus calls for initiating “an ecological critique of the state” (Costa, 2024).
Against this ecology of domination, he posits an “ecology of freedom” (Graeber and Wengrow, 2021): modes of subsistence and social relationships to nature that allow people to escape the grip of the state. This “fugitive agriculture,” based on polyculture (foraging, slash-and-burn cultivation, legume farming, etc.), proves more sustainable than state-run agricultural systems. He notably praises barbarian* mētis*, that is, the ensemble of situated and vernacular knowledges transmitted orally within a society to adapt to the ecological realities of its territory. Drawing on this *mētis*, Scott formulates a critique of modernist urban planning. By focusing on the resilience of local particularities, he enables a rethinking of urban complexity through its potential for mutual aid and community, in contrast to the fundamentally antisocial character of modernist planning (Scott, 1998). Contributions to this thematic area may seek to further these lines of thought.
Furthermore, while modern states homogenize their territories to the point of impoverishing them, is this also true of “pre-modern” states? Conversely, can “acephalous” societies not also desire certain forms of legibility initially imposed by the state (Buitron, 2023)? Contributions addressing these dynamics will be particularly welcome.
The central role Scott assigns to the environment in processes of domination and emancipation also leads him to elevate the peasantry to the status of “primary social agent of revolutions in the twentieth century”, thereby rehabilitating a political subject marginalized by certain socialist traditions.
However, some have criticized his overly homogeneous vision of the peasantry. Depending on class, gender, and other affiliations within the peasantry, can we identify different relationships to subsistence modes and ecology? By attending to the diversity of peasant strategies—beyond revolts alone—how might Scott’s work help us better understand the role played by certain segments of this group in driving social change?
Finally, beyond the relationship to the state, should we not interrogate other relations of domination that may intersect with ecologies of freedom? How might Scott’s work be reread in light of ecofeminist, decolonial approaches or even recent less anthropocentric scholarship of domestication and relationship between non-human and human? Ultimately, in the context of climate crisis and biodiversity collapse, how might Scott’s work—and the critiques it has generated —inspire sustainable ways of life and emancipatory practices?
* Organizing Committee*

*Thomas Caubet* (ECHELLES, Université Paris Cité) –
*Pablo Corroyer* (CERAPS, Université de Lille / CERI, Sciences Po) –
*Donatien Costa* (SOPHIAPOL, Université Paris Nanterre / CERAPS, Université de Lille) –
*Coralie Douat* (Labex PasP – ISP, Université Paris Nanterre / CERAPS, Université de Lille) –
*Léo Grillet* (CEE, Sciences Po Paris) –
*Guillaume Fauvel* (IDPSP, Université de Rennes) –
*Soline Schweisguth* (CRH, EHESS / Institute of Modern History, Academia Sinica) –
*Margot Verdier* (École de Science Politique, Université Aristote de Thessalonique / CERAPS, Université de Lille)
*Scientific Committee*

*Natalia Buitron* (Department of Social Anthropology, University of Cambridge) –
*Sylvaine Bulle* (LAP, Université Paris-Cité) –
*Romain Bertrand* (CERI, Sciences Po Paris – CNRS) –
*Simona Cerutti* (CRH, EHESS Paris) –
*Nicolas Delalande* (Centre d’Histoire de Sciences Po, Sciences Po Paris) –
*Quentin Deluermoz* (Faculty of History, University of Cambridge / ECHELLES, Université Paris-Cité) –
*Jean-Paul Demoule* (Trajectoires, de la sédentarisation à l’État, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) –
*Didier Fassin* (Chaire « Questions morales et enjeux politiques dans les sociétés contemporaines » Collège de France / School of Social Sciences, IAS Princeton) –
*Émeline Fourment* (CUREJ, Université Rouen Normandie) –
*Huang Shu-li* (Institute of Ethnology, Academia Sinica) –
*Mauve Létang *(TREE, Université de Pau et des Pays de l’Adour) –
*Marc Opper* (Department of Political Science, Randolph-Macon College, Virginia) –
*Johanna Siméant-Germanos* (CMH, CNRS – ENS Paris – PSL) –
*Erwan Sommerer* (Centre Jean Bodin, Université d’Angers) –
*Renato Sztutman* (*Departamento de Antropologia, Universidade de São Paulo*) –
*Stéphane Vibert* (École d’études sociologiques et anthropologiques, University of Ottawa)
*Submission Guidelines*
*Paper proposals must*:

Specify the thematic area of the call to which they belong, –
The academic discipline they belong to, –
Include five keywords, –
Contain a title and a bibliography, –
Be anonymized, –
Not exceed 300 words for the abstract, including a presentation of the materials, methodology, positioning within the existing literature, research question, and main lines of analysis.
Proposals should be sent in *.doc or .docx format* to the following address: *beyondscott@proton.me <beyondscott@proton.me>*
*Call for Papers Timeline:*
– *November 28, 2025:* Deadline for paper proposals – *Early March 2026:* Notification of acceptance or rejection of proposals – *June 25–26, 2026:* Conference

Bibliography
Buitron N., 2023, « Rule of Self and Rule of Law: Governing Opacity Among the Shuar of Amazonia », *Ethnos*, vol. 88, n° 4, p. 749-773.
Cerutti S., 2015, « Who is below ? E. P. Thompson, historien des sociétés modernes : une relecture », *Annales. Histoire, Sciences Sociales*, vol. 70, n° 4, p. 931-956.
Costa D., 2024, « De la lutte pour la terre à la lutte pour le territoire. Une lecture écologique du récit de l’accumulation primitive », *Raisons politiques*, 2024/4, no 86, p. 47-66.
Fassin D., 2009, « Les économies morales revisitées », *Annales. Histoire, Sciences Sociales*, vol. 64, n°6, p. 1237-1266.
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Cordialement — Thomas Caubet, pour le comité d’organisation, *Doctorant à l’Université Paris Cité* *Laboratoire ECHELLES,* Bâtiment Olympe de Gouge, Bureau 663 8 place Paul Ricoeur, 75013 Paris