Appel à communications JE « Questionner le genre : pratiques, représentations et savoirs » (UVSQ, 15 mai 2025)

Chères et chers collègues,
Nous avons le plaisir de vous annoncer l’ouverture de l’appel à communications pour la journée d’étude « Questionner le genre : pratiques, représentations et savoirs » que nous organisons à l’Université de Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines le *15 mai 2025* (Campus Guyancourt).
Cette journée d’étude pluridisciplinaire est ouverte à tous les différents champs de recherche issus des sciences humaines et sociales (histoire, philosophie, sociologie, études de genre, lettres, langues, arts, anthropologie, ethnologie, sciences de l’éducation, musicologie…) et des sciences fondamentales (mathématiques, physique, chimie, biologie, informatique…)
Les candidatures sont ouvertes à tous les doctorants et jeunes docteurs ayant soutenu leur thèse ces dernières années, en France ou à l’étranger. Il n’y a pas de frais d’inscription pour participer à la journée d’étude.
Les communications se feront en français ou en anglais.
Les candidatures comprendront une proposition de communication (2000 signes maximum espaces compris), une courte présentation de l’auteur comprenant le titre, la discipline de la thèse, l’année de soutenance le cas échéant ainsi que l’université ou l’organisme de rattachement (800 signes maximum espaces compris), ainsi qu’une bibliographie succincte.
Les candidatures sont à envoyer au format PDF au plus tard le *19 février 2025* à l’adresse suivante : je.pratiquesgenre2025@gmail.com

Vous trouverez l’appel détaillé ci-dessous.
Bien cordialement,
Coline Dupuis, Clara Granieri, Sami Olive, Wenxin Qi, Maya Raulot-Dinh

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*Journée d’étude doctorale CHCSC – DYPAC*
*Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Paris-Saclay*
*15 mai 2025*

APPEL A COMMUNICATIONS
*« Questionner le genre : pratiques, représentations et savoirs »*

*Argumentaire*
Dans un entretien donné à pour la revue *Mouvements*, l’historienne américaine Joan W. Scott (2009) présente le genre comme « catégorie d’analyse pertinente » pour éclairer la construction des rapports entre les sexes et montrer l’importance du social. Le genre serait *in fine* « une catégorie sociale imposée sur un corps sexué », c’est-à-dire qu’il est un produit culturel. Étudier le genre implique de l’intégrer à une histoire générale, qui ne se limite pas à l’histoire des femmes, pour englober la totalité des acteur.ice.s, leurs relations et leurs comportements (W. Scott, J., 1988). Venue des États-Unis dans les années 1970, la notion de « gender » arrive en France en se heurtant à des difficultés de traduction du fait de sa généalogie qui « s’inscrit dans différentes fonctions : grammaticales, médicales, stylistiques, littéraires, scientifiques » comme le rappelle Michèle Riot-Sarcey (2013). Dans l’ouvrage *Le Genre, effet de mode ou concept pertinent ?*, les autrices voient également le genre comme un « outil qui permet de penser » et qui « n’est pas pour autant délié de la société, des sociétés desquelles il émerge » (Mékouar-Hertzberg, N., Marie, F. et Laporte, N., 2015). De plus, La docteure en psychologie Martine Paulicand souligne l’importance « de ne pas se focaliser sur le terme de genre de façon univoque, mais plutôt de tenir compte des multiples approches issues de différentes disciplines, d’en conserver des définitions précises afin de pouvoir les confronter et ainsi d’enrichir sa définition » (Paulicand M., 2022).
Toutes les activités humaines impliquent des règles et des normes, reposant en partie sur les catégorisations de genre. De ce fait, certaines pratiques sont ordonnées en fonction du genre et du sexe des individus, notamment parce qu’elles convoquent le corps. Le lien entre le corps, ici essentialisé, et les pratiques explique la perduration historique de certaines scissions dans des domaines variés, comme les sports, l’enseignement, les arts, les professions et les activités domestiques. Dans certains cas, les pratiques genrées sont rendues visibles par leurs effets : inégalités, surreprésentations, préférences organisationnelles et comportements différenciés selon le genre. Par ailleurs, les pratiques genrées agissent sur les rapports entre humains et objets, en leur assignant des représentations genrées en fonction des personnes qui les utilisent régulièrement dans une société donnée.
Cette journée d’étude se donne pour objectif de rassembler des doctorant.e.s, jeunes chercheuses et chercheurs, autour d’une question transversale dynamique et particulièrement actuelle. Elle propose de questionner les pratiques liées au genre dans toute leur diversité : d’une part, de manière transhistorique et internationale sur des pratiques données ; d’autre part, de manière réflexive sur les pratiques des recherches universitaires. Cette journée vise à la pluridisciplinarité, de façon à proposer une variété d’approches sur la notion de genre et à dépasser la dichotomie du biologique et du social. Elle sollicite simultanément les sciences humaines et sociales, les sciences médicales et fondamentales, et les sciences informatiques. En effet, les questions de genre concernent toutes les sciences, puisqu’elles d’autant plus lorsqu’elles permettent aux chercheuses et chercheurs de mener une démarche réflexive sur leurs pratiques de recherche. Une attention particulière sera portée aux humanités numériques et aux outils de l’intelligence artificielle utilisés dans le cadre de travaux scientifiques, pour en interroger leur qualité d’analyse des éléments relevant du genre.
Les communications pourront s’inscrire dans les deux axes suivants ou s’en détacher, selon leurs contenus. La journée d’études se clôturera par une table-ronde invitant les participant.e.s à échanger sur leurs pratiques de recherche confrontant ainsi les difficultés rencontrées et les apports du genre dans leurs recherches doctorales.

*Axe 1 : Qu’est-ce que le genre fait aux pratiques ? Objets, représentations, activités*
Le premier axe de cette journée ambitionne d’identifier une variété de pratiques genrées, de manière transhistorique, transdisciplinaire et internationale. De fait, les activités professionnelles, de loisirs et domestiques sont autant de pratiques quotidiennes qui engagent le genre. Ces dernières, ordonnées par une société donnée sur la base de stéréotypes définis, influencent les populations dans leurs manières de s’exprimer, de se mouvoir et de se présenter au monde. Au même titre que les stéréotypes de genre, les pratiques genrées dépendent d’une perception du genre et des sexes, c’est-à-dire d’une construction sociale, historique et culturelle souvent inscrite dans un cadre géographique spécifique. En atteste notamment le concept de *care*, développé au courant des années 1970, mettant en exergue la répartition inégale des pratiques domestiques et de soin entre hommes et femmes au sein d’une société occidentale contemporaine (Gilligan, 2009). La répartition des pratiques selon le genre a une incidence significative sur les sphères publiques et privées d’une société, puisqu’elle participe à des systèmes économiques, politiques, culturels et sociaux.
Ainsi, cet axe s’attache à décrire des pratiques genrées et à les analyser de sorte à en comprendre les effets. Quelles sont les interactions entre les stéréotypes de genre, les représentations et les pratiques genrées ? Comment évoluent les pratiques genrées dans l’espace et dans le temps ? Quel rapport aux objets induisent les pratiques genrées ? De quelle manière les pratiques genrées ordonnent-elles les activités humaines ?

*Axe 2 : Où se loge le genre dans les pratiques de recherche ?*
Les études de genre sont désormais largement connues en tant que champ de recherche pluridisciplinaire établi dans de nombreux pays depuis les années 1970. L’augmentation des formations universitaires consacrées au « genre » constitue l’un des marqueurs de l’intérêt collectif accru pour ces questions. Le terme contemporain de « genre » ne doit toutefois pas être appliqué strictement au contenu de toutes les recherches et davantage servir d’outil de compréhension, afin d’éviter l’effacement de certains questionnements historiques. A côté des sujets de recherche qui s’inscrivent pleinement dans le champ des études de genre, on en trouve une multitude qui traitent ces questions sans les aborder frontalement, et ce dans toutes les sciences humaines et sociales.
Les pratiques de recherche, en tant qu’elles constituent l’ensemble des activités des chercheuses et chercheurs et la mise en œuvre de règles et de normes implicites ou explicites, à des échelles individuelles ou collectives, conditionnent la production des savoirs. Comment dès lors penser le genre dans sa transversalité là où on ne le soupçonnerait pas au premier abord ? Quels biais sont induits dans la production des savoirs ? Comment traiter les questions d’invisibilisation de certaines catégories de personnes ? S’emparer du genre dans la multiplicité que revêt ce concept peut ainsi renouveler les perspectives d’analyse dans toutes les disciplines académiques.
Cet axe se propose d’interroger les pratiques de recherche au prisme du genre, afin de faire émerger des questionnements féconds et d’inviter à une posture réflexive sur la pluralité des manières de faire de la recherche. Il sera l’occasion d’aborder à la fois les objets des recherches et la forme que peuvent prendre celles-ci, dont l’écriture inclusive ou plus généralement le langage épicène en est un exemple. Une attention particulière pourra être accordée à l’utilisation croissante d’outils et à leur (im)possible neutralité à l’ère des humanités numériques où l’intelligence artificielle intervient dans les sciences humaines et sociales.

*Bibliographie sélective*
ABOU, Bérengère, BERRY, Hugues (dir.), *Sexe & genre. De la biologie à la sociologie*, Paris, Éditions Matériologiques, 2019.
BOTTORFF, J.L., OLIFFE, J.L., ROBINSON, C.A. et al., « Gender relations and health research: a review of current practices »*, Int J Equity Health,* année 10, numéro 60, 2011.
BRAILOWSKY, Yan, INGLEBERT, Hervé (dir.), *1970-2010 : les sciences de l’Homme en débat*, Paris, Presses universitaires de Paris Nanterre, 2013
BROWN-GRANT, Rosalind, *French Romance of the Later Middle Ages : Gender, Morality, and Desire*, Oxford, Oxford University Press, 2008.
BUSCATTO, Marie, LEONTSINI Mary (dir.), « Les pratiques artistiques au prisme des stéréotypes de genre », *Sociologie de l’Art*, opus 17, Paris, L’Harmattan, 2011.
CADDEN, Joan, *The Meanings of Sex Difference in the Middle Ages : Medicine, Science, and Culture*, Cambridge, Cambridge University Press, 1993.
CHAPERON, Sylvie, GRAND-CLÉMENT, Adeline, MOUYSSET, Sylvie (dir.), *Histoire des femmes et du genre : historiographie, sources et méthodes*, Paris, Armand Colin, 2022.
DUPRÉ, Delphine, LÉPINE, Valérie, « Les enjeux du genre dans les pratiques professionnelles des communicantes », *Questions de communication*, numéro 43, 2023, pp. 213-240.
FARGES, Patrick, CHAMAYOU-KUHN, Cécile, YAVUZ, Perin Emel (dir.),* Le Lieu du genre*, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2011.
FORD, Michele, LYONS, Lenore (dir.), *Men and Masculinities in Southeast Asia, London*, New York, Routledge, 2012.
FRANÇOIS, Anne Isabelle, ZOBERMAN, Pierre (dir.), « Littérature comparée et Gender », *Trans-* [Online], n° 23, 2018.
GILLIGAN, Caroll,* Une voix différente. Pour une éthique du care*, Paris, Flammarion, 2009.
KAM, Louie, LOW, Morris (dir.), *Asian Masculinities : The Meaning and Practice of Manhood in China and Japan*, London, Routledge, 2003.
KARRAS, Ruth Mazo, *From Boys to Men : Formations of Masculinity in Late Medieval Europe*, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2003.
LÉPINARD, Éléonore, LIEBER, Marylène, *Les théories en études de genre*, Paris, La Découverte. 2020.
MÉKOUAR-HERTZBERG, Nadia, FLORENCE, Marie, LAPORTE, Nadine (dir.), *Le Genre, effet de mode ou concept pertinent ?*, Bern, Peter Lang, 2015.
EISENBICHLER, Konrad (dir.), *The Premodern Teenager : Youth and Society 1150-1650*, Toronto, Centre for Reformation and Renaissance Studies, 2002, p. 311-321.
PAULICAND, Martine, *Faut-il encore penser le féminin et  le masculin ?* *La continuité de genre en question*, Fontaine, Presses universitaires de Grenoble, 2022.
RENNES, Juliette, *Encyclopédie critique du genre*, Paris, La Découverte, 2016.
THÉBAUD, Françoise, *Écrire l’histoire des femmes et du genre*, Paris, ENS Éditions, 2016.

*Calendrier*
*Date butoir de candidature *: 19 février 2025.
*Publication des textes sélectionnés *: 19 mars 2025.
*Date et lieu de la journée d’étude *: 15 mai 2025, au campus de Saint-Quentin-en-Yvelines de l’UVSQ, 47 boulevard Vauban, 78280 Guyancourt.

*Modalités de soumission*
L’appel à communications est ouvert à tous les doctorants et jeunes docteurs ayant soutenu leur thèse ces dernières années, en France ou à l’étranger. Il n’y a pas de frais d’inscription pour participer à la journée d’étude.
Les communications se feront en français ou en anglais. Les candidatures comprendront une proposition de communication (2000 signes maximum espaces compris), une courte présentation de l’auteur comprenant le titre, la discipline de la thèse, l’année de soutenance le cas échéant ainsi que l’université ou l’organisme de rattachement (800 signes maximum espaces compris), ainsi qu’une bibliographie succincte.
Les candidatures sont à envoyer au format PDF au plus tard le 19 février 2025 à l’adresse suivante : je.pratiquesgenre2025@gmail.com

*Comité d’organisation*
Coline Dupuis, doctorante en histoire contemporaine (UVSQ)
Clara Granieri, doctorante en histoire contemporaine (UVSQ)
Sami Olive, doctorante en littérature médiévale (UVSQ)
Wenxin Qi, doctorante en littérature comparée (UVSQ)
Maya Raulot-Dinh, doctorante en histoire contemporaine (UVSQ)