soutenance HDR 27 janvier 9h30 (UPC Paris 13e)
J’ai le plaisir de vous annoncer la soutenance de mon Habilitation à diriger des recherches en histoire, à l’Université Paris Cité, lundi 27 janvier à partir de 9h30 .
Elle aura lieu dans la salle 209 du bâtiment Olympe de Gouges de l’Université Paris Cité, 8 place Paul Ricoeur, Paris 13e (voir les [ https://www.math.u-paris.fr/ufr/batolympedegouges | transports en commun ici ] ).
Le dossier s’intitule :
« Environnements soviétiques : milieux scientifiques, mouvements verts et paysages de l’eau en Russie / URSS après 1945 »
Il est composé de trois volumes :
1) un mémoire de synthèse retraçant mon parcours, intitulé : « Paris-Moscou-Tver-Ostachkov-Riga. Engagements d’URSS, de Russie et d’ailleurs »
2) un mémoire inédit intitulé : « Le soviétocène vu d’un lac : tourisme et environnement aux sources de la Volga au XXe siècle »
3) une sélection raisonnée de travaux publiés ou en cours de publication (2013-2025).
Le jury est composé de :
Melanie ARNDT, Professorin. Dr. Albert Ludwig Universität Freiburg
Juliette CADIOT, Directrice d’études, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris (rapporteure)
Sophie CŒURÉ, Professeure des Universités, Université Paris Cité (garante)
Matthew EVENDEN, Professor, The University of British Columbia, Vancouver
Charles-François MATHIS, Professeur des Universités, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (rapporteur)
Catherine POUJOL, Professeure des Universités, Institut National des Langues et Civilisations Orientales
Résumé du mémoire inédit :
L’histoire environnementale de l’URSS s’est surtout concentrée sur des catastrophes et sur des mobilisations d’ampleur nationale ou fédérale (dans le contexte soviétique), comme celle en défense du lac Baïkal. Une autre voie pour comprendre la conception, les modalités et les impacts des politiques de la nature est celle d’une approche territorialisée, par jeux d’échelles. Ce mémoire inédit ouvre une nouvelle fenêtre sur la société et l’environnement dans la « patrie du socialisme » à travers le cas d’un espace lacustre situé aux sources de la Volga, au cœur de la Russie d’Europe. Ce dernier incarne l’ambiguïté du verdissement des institutions et des discours officiels en URSS à partir des années 1950 ; il propose le néologisme « soviétocène », forgé à partir du terme d’anthropocène, pour en rendre compte.
La première partie a pour objet la fabrique du Seliger, territoire coproduit par ses paysages et par ses milieux – un lac d’origine glaciaire entouré de taïga mixte. Des ressources naturelles limitées et en voie d’épuisement rapide au XXe siècle (poissons de valeur, bois et gibier), une industrie locale à destination civile et militaire (tannerie installée depuis le XVIIIe siècle à Ostachkov, et usine secrète du secteur aéronautique et spatial des années 1940 à nos jours), un grand monastère orthodoxe (devenu lieu de détention pour 6000 officiers polonais, avant leur assassinat sur ordre de Staline au printemps 1940) : ainsi se déploie la géohistoire de cet espace composite. Sa transformation en haut lieu du « tourisme prolétarien », mode de loisirs proche du « tourisme de nature » pratiqué dans le monde capitaliste, coïncida avec une timide ouverture du projet soviétique aux enjeux écologiques.
La deuxième partie reconstitue l’histoire de l’aménagement incomplet de la « Zone de vacances et de tourisme du lac Seliger », produit paradoxal du Dégel khrouchtchévien, entre vision haut-moderniste, patrimonialisation de la nature et montée en puissance d’un mouvement vert dans les cercles académiques et littéraires du pays. Sous couvert de « protection de la nature », on lança alors autour du lac la construction de complexes touristiques dévastateurs, tout en laissant faire les pollueurs principaux, malgré une série d’alertes plus ou moins vives suivant les époques, y compris dans les médias centraux.
La troisième partie met à jour les contradictions socio-environnementales, associant humains et non-humains, qui virent le jour au Seliger à partir des années 1960, sous la pression des intérêts productivistes et au rythme des innovations techniques qui y furent introduites sous le mot d’ordre de « planification » ou « usage rationnel des ressources ». Ces tensions, dont certaines débouchèrent sur des controverses publiques lors de la démocratisation du régime en 1989-1990, se soldèrent par l’échec d’un projet de « Parc naturel national », qui ne vit jamais le jour, malgré le renouveau d’une identité nationale russe alors très fort. Reflétant les limites du verdissement du projet soviétique, en écho à une déstalinisation inachevée, le Seliger fut ainsi à la fois témoin, victime et agent du soviétocène.
Vous êtes cordialement invité.e.s au pot qui suivra la soutenance, et aura lieu dans la même salle. Merci de confirmer votre présence avant le 20 janvier, pour m’aider à l’organiser.
Bien amicalement,
Laurent Coumel
LAURENT COUMEL Maître de conférences en histoire contemporaine Département d’études russes Centre de recherche Europes-Eurasie (CREE) [ http://www.inalco.fr/ ] Institut national des langues et civilisations orientales 65 rue des Grands Moulins 75013 Paris, France
Co-rédacteur en chef de la [ https://www.cercec.fr/type_publication/receo/ | Revue d’études comparatives Est-Ouest ]
Dernier ouvrage paru : [ https://www.puf.com/24-heures-de-la-vie-tchernobyl | 24 heures de la vie à Tchernobyl, PUF, 2024 ]