Pétition : Supprimons le HCERES
Chères et chers collègues,
Le bureau d’H2C soutient et vous relaie la pétition « Supprimons le HCERES » initiée par RogueESR. Pour la signer : rogueesr.fr/supprimons-le-hceres/
En voici le texte :
Nous sommes universitaires, chercheuses, chercheurs, bibliothécaires, personnels techniques, d’ingénierie, d’administration, et de santé. Nous nous efforçons chaque jour de faire fonctionner l’enseignement et la recherche, de produire des connaissances et de les transmettre, de créer du sens.
Nous faisons depuis vingt ans l’expérience d’une *paperasse* proliférante. Ce terme recouvre une accumulation de procédures chronophages, de certifications, de mise en concurrence, de rapports, d’évaluations, de plateformes numériques et d’applications dysfonctionnelles, etc. Cette *paperasse* est un symptôme révélateur : l’Université et la recherche croulent sous la *bureaucratie*. Contrairement à ce que suggèrent certains usages trompeurs, la* bureaucratie *est d’abord le nom d’une division du travail entre des décideurs professionnels (les bureaucrates) et des exécutants dépossédés. L’appartenance à la bureaucratie se traduit par une hiérarchie de statuts, de primes et de pouvoir qui mime les processus scientifiques collectifs en les pervertissant. Cette bureaucratie a pris son essor sous le ministère de Mme Pécresse, alors que M. Hetzel était directeur général de l’Enseignement supérieur et de l’Insertion professionnelle (DGESIP), avec l’invasion des techniques de management typiques de ce nouveau régime (*project*, *assessment*, *ranking*, *benchmarking* et *best practices*). Elle sape les valeurs fondatrices de la science moderne — probité, patience, indépendance, partage — et contribue au décrochage scientifique du pays.
Toute honte bue, le « Ministre de la Fonction publique, de la simplification et de la transformation de l’action publique », M. Kasbarian, a félicité Elon Musk <x.com/guillaumekasba/status/1856602224719167566>, milliardaire libertarien, raciste et eugéniste <www.businessinsider.com/pronatalism-elon-musk-simone-malcolm-collins-underpopulation-breeding-tech-2022-11>, à propos de sa nomination dans un gouvernement dystopique : « *I look forward to sharing best practices for dealing with excess bureaucracy* ». Mme Pécresse y est allée de sa flagornerie, dans une réminiscence de Daladier <books.openedition.org/igpde/2906?lang=fr> : « Un comité de la hache <x.com/vpecresse/status/1856681558729507301> anti-bureaucratique, j’en ai rêvé et Elon Musk va le faire ! » Nous qui subissons une dégradation constante de nos conditions d’exercice depuis 20 ans, savons que les pires mesures de prolifération bureaucratique sont justement édictées en prétendant à une « simplification », tout comme la dépossession s’est grimée en « autonomie ». La bureaucratie raffole de l’antiphrase. Elle entretient sa croissance par ce subterfuge : il n’est pas de problème qu’elle engendre dont elle ne prétende être la solution.
Nous proposons d’appliquer les seules « bonnes pratiques » à même de faire pièce à la « bureaucratie excessive » : reprendre la main sur nos métiers et nous débarrasser de ce qui les empêche. Commençons par l’aberration la plus flagrante. Le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres) n’a plus d’organe d’administration (son « collège ») depuis le 1er novembre et n’a plus de président depuis un an. Des centaines d’entre nous se voient pourtant enjoindre de produire des rapports pour passer sous les fourches caudines de cette « autorité administrative indépendante ». Or celle-ci est censée ne pas pouvoir fonctionner quand ses instances sont vacantes. A quoi bon ce temps, cette énergie, cet argent,* a fortiori* à un moment où l’on fait mine de chasser les dépenses superflues ?
Le Hcéres n’est pas seulement inutile : il est aussi dangereux. D’une part, parce que c’est l’essence même d’une telle instance que de ne porter à sa tête que des *apparatchiks* cooptés, serviteurs exemplaires dopés au *personal branding*, et autres bureaucrates en fin de course. Mais surtout parce que les ennemis de la liberté académique raffolent de ce type d’agences, de leurs notes-couperets, et de leur capacité à dompter la résistance silencieuse du plus grand nombre.
Puisque le Hcéres tient de la bureaucratie à l’état pur, nous proposons de le supprimer et de réaffecter ses moyens aux secrétariats pédagogiques, à l’isolation thermique des bâtiments ou aux nombreux autres usages urgents en souffrance. Nous ne doutons pas que cette expérience concluante pourra faire école dans d’autres domaines, au point, qui sait, de convaincre M. Kasbarian du coup de tronçonneuse ultime : la dissolution de son propre ministère.
Bien à vous, Le bureau d’H2C
Le bureau d’H2C soutient et vous relaie la pétition « Supprimons le HCERES » initiée par RogueESR. Pour la signer : rogueesr.fr/supprimons-le-hceres/
En voici le texte :
Nous sommes universitaires, chercheuses, chercheurs, bibliothécaires, personnels techniques, d’ingénierie, d’administration, et de santé. Nous nous efforçons chaque jour de faire fonctionner l’enseignement et la recherche, de produire des connaissances et de les transmettre, de créer du sens.
Nous faisons depuis vingt ans l’expérience d’une *paperasse* proliférante. Ce terme recouvre une accumulation de procédures chronophages, de certifications, de mise en concurrence, de rapports, d’évaluations, de plateformes numériques et d’applications dysfonctionnelles, etc. Cette *paperasse* est un symptôme révélateur : l’Université et la recherche croulent sous la *bureaucratie*. Contrairement à ce que suggèrent certains usages trompeurs, la* bureaucratie *est d’abord le nom d’une division du travail entre des décideurs professionnels (les bureaucrates) et des exécutants dépossédés. L’appartenance à la bureaucratie se traduit par une hiérarchie de statuts, de primes et de pouvoir qui mime les processus scientifiques collectifs en les pervertissant. Cette bureaucratie a pris son essor sous le ministère de Mme Pécresse, alors que M. Hetzel était directeur général de l’Enseignement supérieur et de l’Insertion professionnelle (DGESIP), avec l’invasion des techniques de management typiques de ce nouveau régime (*project*, *assessment*, *ranking*, *benchmarking* et *best practices*). Elle sape les valeurs fondatrices de la science moderne — probité, patience, indépendance, partage — et contribue au décrochage scientifique du pays.
Toute honte bue, le « Ministre de la Fonction publique, de la simplification et de la transformation de l’action publique », M. Kasbarian, a félicité Elon Musk <x.com/guillaumekasba/status/1856602224719167566>, milliardaire libertarien, raciste et eugéniste <www.businessinsider.com/pronatalism-elon-musk-simone-malcolm-collins-underpopulation-breeding-tech-2022-11>, à propos de sa nomination dans un gouvernement dystopique : « *I look forward to sharing best practices for dealing with excess bureaucracy* ». Mme Pécresse y est allée de sa flagornerie, dans une réminiscence de Daladier <books.openedition.org/igpde/2906?lang=fr> : « Un comité de la hache <x.com/vpecresse/status/1856681558729507301> anti-bureaucratique, j’en ai rêvé et Elon Musk va le faire ! » Nous qui subissons une dégradation constante de nos conditions d’exercice depuis 20 ans, savons que les pires mesures de prolifération bureaucratique sont justement édictées en prétendant à une « simplification », tout comme la dépossession s’est grimée en « autonomie ». La bureaucratie raffole de l’antiphrase. Elle entretient sa croissance par ce subterfuge : il n’est pas de problème qu’elle engendre dont elle ne prétende être la solution.
Nous proposons d’appliquer les seules « bonnes pratiques » à même de faire pièce à la « bureaucratie excessive » : reprendre la main sur nos métiers et nous débarrasser de ce qui les empêche. Commençons par l’aberration la plus flagrante. Le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres) n’a plus d’organe d’administration (son « collège ») depuis le 1er novembre et n’a plus de président depuis un an. Des centaines d’entre nous se voient pourtant enjoindre de produire des rapports pour passer sous les fourches caudines de cette « autorité administrative indépendante ». Or celle-ci est censée ne pas pouvoir fonctionner quand ses instances sont vacantes. A quoi bon ce temps, cette énergie, cet argent,* a fortiori* à un moment où l’on fait mine de chasser les dépenses superflues ?
Le Hcéres n’est pas seulement inutile : il est aussi dangereux. D’une part, parce que c’est l’essence même d’une telle instance que de ne porter à sa tête que des *apparatchiks* cooptés, serviteurs exemplaires dopés au *personal branding*, et autres bureaucrates en fin de course. Mais surtout parce que les ennemis de la liberté académique raffolent de ce type d’agences, de leurs notes-couperets, et de leur capacité à dompter la résistance silencieuse du plus grand nombre.
Puisque le Hcéres tient de la bureaucratie à l’état pur, nous proposons de le supprimer et de réaffecter ses moyens aux secrétariats pédagogiques, à l’isolation thermique des bâtiments ou aux nombreux autres usages urgents en souffrance. Nous ne doutons pas que cette expérience concluante pourra faire école dans d’autres domaines, au point, qui sait, de convaincre M. Kasbarian du coup de tronçonneuse ultime : la dissolution de son propre ministère.
Bien à vous, Le bureau d’H2C