Colloque_18-19 juin_« Militer au sein des réseaux internationalistes : une histoire globale par le bas »
Université de Strasbourg, Laboratoire UMR3400 ARCHE ; UMR7069 LinCS
Paradoxal, le XIX e siècle connut un double processus aussi antagonique que consubstantiel. D’un côté, les Européens dessinaient les contours de leurs nouvelles communautés nationales sous l’égide d’une domination capitaliste abreuvée de mythes nationaux et de la recherche constante d’homogénéité des sociétés. De l’autre, la création de ces nouveaux contours faisait naître, intellectuellement, pratiquement et spatialement, les internationalismes. Souvent écrit au singulier, ce concept servait, avant toute chose, à décrire des objectifs et des dynamiques d’organisation au sein du mouvement ouvrier. Aussi, l’internationalisme ne se traduit pas toujours de la même manière. Des mouvements féministes aux anticolonialistes, tous connurent leurs internationalismes, qu’ils fussent formels ou informels. Récemment, la focale s’est déplacée vers des courants politiques réputés moins enclins à l’internationalisme, tels que le conservatisme et le nationalisme. A contrario , le libéralisme et le pacifisme, séculaires pensées internationalisées, ont connu un renouvellement historiographique.
Ce présent colloque souhaite redéfinir l’internationalisme à travers ses réseaux et ses pratiques militantes en travaillant à partir des échelles macro et micro, afin de lui conférer une ouverture extra-européenne. Ici, nous entendons rompre avec un objet d’étude qui fut trop souvent confiné aux frontières de l’eurocentrisme, et appréhender le polycentrisme des réseaux internationalistes et leur perspective diachronique. Cette exigence répond au dialogue entre une histoire globale et une approche « par le bas ».
De ce fait, les dynamiques de genre, les Subaltern studies , l’ Alltagsgeschichte et les solidarités constitueront le nœud de ce colloque. Elles nous permettront d’aborder les nouvelles recherches sur le mouvement ouvrier, la décolonisation et le féminisme, tout en faisant apparaître des questionnements nouveaux sur les courants conservateurs, nationalistes et libéraux. Ainsi, « Histoire par le bas », Global history et Histoire transnationale joueront de concert dans notre colloque.
Programme :
18 juin 2024 (MISHA, Salle des conférences), Université de Strasbourg
9h : Introduction scientifique
9h30-10h30 Conférence introductive
Nicolas DELALANDE (Sciences Po Paris) : « Les pratiques de solidarité financière au cœur des réseaux internationalistes à l’époque de la Première Internationale ».
10h30-12h Panel : De la circulation d’idées à la diffusion de pratiques
Etienne FURRER (Université Paris Cité), « La circulation internationale des idées révolutionnaires : l’imprimerie suisse et la contrebande internationale après la Commune ».
Elena MEJIAS (Université Paris Nanterre), « Une histoire « mosaïque » de la circulation des idées entre le Chiapas et l’Europe ».
14h-16h Panel : En marge des internationalismes formels
Alexandre RIOU (Université de Rouen / Inalco) « La force du sentiment national au sein de la social-démocratie tchéco-slave de Bohême au cours des campagnes électorales au Reichsrat, un phénomène à relativiser ? Le cas de 1897, 1907 et 1910, 1911 ».
Marion LABEŸ (Université Paris Cité / Università degli studi di Verona), « Angelica Balabanoff, d’une Internationale à l’autre (1900 1935) ».
Natalia PASHKEEVA (EHESS) : « Spatialiser le réseau des YMCA pour mobiliser les sociétés d’après-guerre : ambitions, limites et reconfigurations d’un projet internationaliste en Europe dans l’entre-deux-guerres ».
16h30-18h Panel : Appropriations transnationales de l’événement militant
Daniel GORDON (Edge Hill University), « Les émeutes antifascistes parisiennes du 21 juin 1973 : aspects internationalistes et transnationales »
Andrew PFANNKUCHE (Université du Luxembourg), « International Interpretations: Planning Early May Days in the French Loire and German Alsace ».
19 juin 2024 (Palais universitaire, Salle Pasteur), Université de Strasbourg
9h30-10h30 Conférence introductive
Daria DYAKONOVA (International Institute in Geneva / Sapienza-Università di Roma), Présentation de l’ouvrage The Communist Women’s Movement, 1920-1922. Proceedings, Resolutions, and Reports (Brill, Leiden-Boston, 2022).
10h30-12h Panel : Perspectives internationalistes en situation coloniale et postcoloniale
Pamela OHENE-NYAKO (Université de Genève), « L’internationalisme comme stratégie militante des femmes noires-européennes, années 1970-1990 ».
Anaïs NZELOMONA (Université de Picardie Jules Verne), « Panthères noires et solidarités transatlantiques : analyse croisée des dynamiques de genre, des modes d’action et de représentation au sein des organisations du Black Panther Party et du Black Panther Movement dans les années 1960-1970 ».
14h-15h30 Panel : De la mise en réseau aux internationalismes informels
Abel SOLANS (Sciences Po Paris), « Trajectoires d’exil : l’internationalisme par le bas des anarchistes italiens en Tunisie et en Égypte (1880-1940) ».
Thomas COSTE (Université d’Évry Paris-Saclay), « « Aux naturiens de tous pays ». L’Internationale informelle du néo-naturien (1922-1925) ».
15h30-16h Conclusions
Romieux Lola, Benedetti Andrea et Fontannaz Clément (Pour le Comité d’organisation)