Réforme du CAPES : communiqué des associations d’historiens et de géographes de l’enseignement supérieur et secondaire

Paris, le 9 mai 2024

La SoPHAU, la SHMESP, l’AHMUF, l’H2C, le CNFG et l’APHG ont pris connaissance, via le réseau des INSPE et des VP CFVU, de documents relatifs aux épreuves et au programme du nouveau CAPES d’histoire-géographie projeté par le gouvernement pour une application dès 2025.

Les associations signataires déplorent le maintien à l’oral d’admission d’un « entretien d’embauche » privé de toutes références disciplinaires, de toute grille d’évaluation précise et dont le contenu oscille entre l’incantation creuse et le flou absolu. Si elles se réjouissent que les trois autres épreuves intègrent l’évaluation de contenus disciplinaires, elles s’interrogent sur ce que les futurs jurys du concours pourront demander aux candidats.

Les programmes proposés réussissent en effet le tour de force de ne pas couvrir l’ensemble des programmes du Secondaire tout en étant tellement vastes qu’il sera impossible aux universités de proposer une préparation sérieuse en dehors d’un simple survol et aux candidats d’avoir la maîtrise fine des questions imposées au programme. Le gouvernement considèrerait-il que le concours doive se borner à un contrôle de connaissances génériques sur quelques points saillants de l’histoire et de la géographie du monde qu’il aura estimés suffisants pour la formation minimale des collégiens et des lycéens ?

Relevant avec inquiétude à la fois l’étendue et l’indigence des programmes d’histoire-géographie dans le projet de réforme du CAPES, la SoPHAU, la SHMESP, l’AHMUF, l’H2C, le CNFG et l’APHG considèrent que l’exigence disciplinaire – fondée sur de vraies questions de concours, dérivées de celles de l’Agrégation – ne peut être atteinte dans ces conditions. Un pareil saupoudrage – à la seule hauteur minimale des manuels du Secondaire – ne peut permettre ni le recul ni la mise en perspective des notions essentielles vite évoquées, qui supposeraient plus de deux ans et demi d’apprentissage en Licence si on envisage un concours à Bac + 3.

Plus fondamentalement, de tels intitulés remettent en question le rôle même du professeur. Dans cette configuration, celui-ci se limiterait à l’accompagnement ne varietur, si ce n’est à l’explicitation formelle, des contenus des manuels sans capacité d’apports critiques qu’une formation certes plus limitée sur un sujet donné permettrait d’évaluer dans toutes ses dimensions (techniques, historiques/géographiques, historiographiques), seules garanties d’une compétence adaptée et adaptable. Si l’histoire et la géographie sont bien des sciences cumulatives, le CAPES d’histoire-géographie n’a jamais consisté à vérifier que les candidats possédaient la seule maîtrise superficielle des programmes du Secondaire. Le concours sanctionne une formation complète et poussée, qui dote les candidats des méthodes et de la curiosité intellectuelle pour pouvoir enseigner aussi des thèmes peu abordés dans leur cursus universitaire.

En un moment où les récits historiques sont l’objet de fortes manipulations et où les publics scolaires attendent de leurs professeurs des réponses scientifiquement argumentées à des questions sensibles, faire des futurs titulaires du CAPES de simples commentateurs du Bulletin officiel et des fiches Eduscol annonce une régression politique et sociale dangereuse.

La SoPHAU, la SHMESP, l’AHMUF, l’H2C, le CNFG et l’APHG réitèrent donc leur opposition unanime à la réforme en cours de la formation des enseignants, tant sur le fond que sur la forme, et demandent le rétablissement d’un CAPES à Bac + 4 dont le programme serait articulé au programme de l’Agrégation.

Société des professeurs d’histoire ancienne de l’Université (SoPHAU)

Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public (SHMESP)

Association des historiens modernistes des universités françaises (AHMUF)

Historiennes et historiens du contemporain (H2C)

Comité national français de géographie (CNFG)

Association des professeurs d’histoire et géographie (APHG)