Que le temps soit laissé à la concertation
Dans l’attente des annonces du président de la République qui devraient vraisemblablement intervenir dans la journée, le Comité National Français de Géographie (CNFG) a co-signé le texte « Que le temps soit laissé à la concertation » que nous vous avons diffusé hier.
Bien à vous, Le Bureau d’H2C
Le jeu. 4 avr. 2024 à 09:16, Association H2C <association.h2c@gmail.com> a écrit :
> Chères et chers collègues, > > > Vous trouverez ci-dessous le texte « Que le temps soit laissé à la > concertation » co-signé par H2C, la Société des historiens médiévistes de > l’enseignement supérieur public (Shmesp), l’Association des historiens > modernistes des universités françaises (Ahmuf), l’Association des > professeurs d’Histoire-Géographie (APHG) et qui a reçu le soutien de la > section 22 du CNU et de la Société française d’histoire politique (Sfhpo). > > > *Que le temps soit laissé à la concertation * > > > > *Les associations universitaires d’histoire demandent un report de la > réforme de la formation des professeurs * > > > > > > Les précisions que nous recevons au compte-gouttes, via des « fuites » > plus ou moins organisées, révèlent l’ampleur de la réforme de la formation > et du recrutement des professeurs des premier et second degrés et > conseillers d’éducation. Les « écoles normales du XXIe siècle » promues > par Gabriel Attal insèrent le concours de recrutement au second semestre de > la L3, alors qu’il était situé depuis plus de trente ans à bac + 4, et > depuis 2021en fin de M2. Elles transforment en profondeur le cursus de > formation des futurs professeurs : > > – *au* *niveau licence*, création d’un cycle préparatoire aux > nouvelles ENSP (Écoles nationales supérieures du professorat) : il s’agit > d’une licence préparatoire au professorat des écoles (LPPE) pilotée par les > futures ENSP, pour le concours de recrutement au professorat des écoles > (CRPE), ou de parcours de préprofessionnalisation dans les licences > disciplinaires ; et pour le CAPES de la création de deux modules > « enseignement » de 30 ECTS, soit deux semestres complets, dans les > licences disciplinaires. > > – *au niveau du master*, un « cycle supérieur des ENSP », > formation professionnalisante de fonctionnaires stagiaires rémunérés (1 400 > € en M1, 1 800 € en M2) des lauréats du concours, avec une titularisation > anticipée en fin de M2. > > – * au niveau des épreuves du concours fixées en fin de L3 *: 2 > épreuves d’admissibilité disciplinaires, 2 épreuves d’admission dont une > épreuve professionnelle. > > Le changement de cap par rapport à la réforme issue de la loi « Pour une > école de la confiance » (juillet 2019), est radical, alors même que la > première promotion venait à peine d’arriver au concours, au printemps 2023. > Très fortement contestée, cette réforme n’aura fait qu’accentuer une crise > du recrutement des professeurs récurrente depuis 2010, qui s’avère > aujourd’hui à la hauteur des inquiétudes avec des taux de postes > non-pourvus aux concours qui avoisinent les 20 %[1] > <#m_5839401130481888734_m_997723148605825052__ftn1>. Elle disparait avant > la fin de sa troisième année, sans aucune évaluation officielle précise. > Seul un rapport de la Cour des comptes « Universités et territoires » > concluait dès février 2023 à la perte d’attractivité des formations des > enseignants[2] <#m_5839401130481888734_m_997723148605825052__ftn2>. > > Les associations universitaires d’histoire, SHMESP, AHMUF et H2C, se > félicitent que soit mis un terme à la formation des enseignants pensée par > J.-M Blanquer, tant il est clair qu’un État démocratique ne peut envisager > la pérennisation d’une telle insécurité dans le recrutement des professeurs > de l’enseignement public. Elles reconnaissent que le niveau de la > rémunération des fonctionnaires stagiaires, lauréats et lauréates des > concours, prévu par la réforme sera à coup sûr un élément d’attractivité, > mais ajoutent que c’est surtout la stabilisation de la formation et des > concours de recrutement, en plus de conditions décentes d’exercice du > métier, qui pourront sécuriser la formation aux métiers de l’éducation et > de l’enseignement. Cela suppose des orientations fixées nettement en amont > et une concertation capable d’emporter l’adhésion suffisante des parties > prenantes. Or de ce point de vue, nous reconnaissons bien la méthode qui > consiste à imposer des transformations substantielles brutalement, dans la > précipitation et l’incertitude, et sans aucune concertation préalable des > différents interlocuteurs, en particulier les représentants des composantes > universitaires concernées (UFR disciplinaires, Inspé). Elle est la même > qu’en 2019. > > Le projet qui se profile aujourd’hui prévoit ainsi la mise en place dès > septembre 2024 de la nouvelle licence LPPE coordonnée par l’ENSP, structure dite > « *sui generis* », au statut encore indéfini, et deux modules semestriels > au sein des licences disciplinaires dont nous n’aurons le cadrage qu’en > mai, ainsi qu’une année de M1 dont on ne sait pas encore s’il s’agit d’une > prépa-concours ou d’une année de formation. À nouveau, les ministères > imposent une cadence infernale, irrespectueuse des calendriers > universitaires, à des formations qui sont bien évidemment diverses à > l’échelle nationale, et pour cette raison il faut le rappeler impropres à > l’application d’un schéma unique. À nouveau, nous allons mettre en place > des années de transitions réalisées à rythme forcé, dont nous connaissons, > hélas, les effets en termes de perte de cohérence des formations et de > discontinuité des progressions. > > *C’est pourquoi les associations universitaires d’histoire appellent à > surseoir à cette réforme au moins pour cette année, afin de donner le temps > de construire un projet concerté, véritablement ambitieux pour la formation > des enseignants au 21e siècle*. > > > > *À leurs yeux, les points suivants réclament éclaircissement :* > > *- MOYENS ET ATTRIBUTIONS DES PARTENAIRES : *le texte est flou sur les > attributions de chacun et sur les moyens financiers et humains mis à > disposition pour la réalisation de la réforme. Comment les petites et > moyennes universités vont-elles parvenir à *financer les modules > « enseignement » *de licence, tout en maintenant de véritables licences > disciplinaires en histoire ? Le risque de disparition de formations CAPES > est réel, comme la perte d’égalité des territoires face aux concours > qu’elle entrainerait. Cela a déjà été le cas de nombreuses préparations au > CAPLP (concours d’accès au corps des professeurs de lycées professionnels), > et pour des raisons différentes à l’agrégation. De plus, il n’est pas fait > référence au partenariat entre UFR disciplinaires et Inspé qui a permis > jusqu’ici d’articuler tant bien que mal formation professionnelle et > formation disciplinaire fondamentale jusqu’à la fin du master. > > – *UNE FORMATION UNIVERSITAIRE DES DISCIPLINES ET DE LEURS DIDACTIQUES > JUSQU’AU M2* *:* les temps de la *formation disciplinaire* tout autant > que les contenus de formation des modules « enseignement » et du master > demeurent indéfinis. > > Le master ENSP met l’accent sur la pratique professionnelle et sur la mise > en responsabilité. Cela ne doit conduire ni à une réduction du volume > horaire de la formation, actuellement fixé à *800 heures* d’enseignement > [3] <#m_5839401130481888734_m_997723148605825052__ftn3>, ni à celle de la *place > de la recherche* prévue par le cadrage européen du master, dans la > formation. L’expérience de la recherche universitaire, disciplinaire et > didactique, est seule capable d’apporter aux futurs professeurs la maturité > nécessaire à une pratique exigeante de l’enseignement. C’est > particulièrement le cas en histoire, dont on connait l’importance de la > mission civique. Les UFR disciplinaires doivent avoir toute leur place dans > cette formation « à » et « par » la recherche. > > Concernant la formation pluridisciplinaire des professeurs des écoles, si > le choix est fait de renforcer les formations en mathématiques et en > lettres, il faut également souligner l’importance essentielle de la *formation > en histoire*, au sein des disciplines dites « de la *polyvalence* » qui > doivent rester présentes dans les maquettes des licences PPE, comme des > masters ENSP. Il y va de la place de l’histoire dans les programmes > scolaires et de la discipline dans la société. > > – *CONCOURS : *nous restons attachés aux *questions thématiques* du > concours du CAPES d’histoire-géographie, structurantes pour la formation > des enseignants mais aussi pour les dynamiques de nos disciplines. De > même, la *disparition des écrits du CRPE* pour les étudiants qui auront > validé la licence PPE représente une nouvelle régression du recrutement par > concours. > > – *PASSERELLES *: la possibilité, pour les étudiants et étudiantes > engagés en parcours « enseignement » qui souhaiteraient revenir sur leur > choix, ou au contraire pour des étudiants et étudiantes engagées dans un > cursus général, qui souhaiteraient s’orienter vers les parcours > « enseignement » reste tue. Elle est pourtant également un élément > important d’attractivité. > > > > *Pour toutes ces raisons, les associations universitaires d’histoire > demandent que des précisions soient apportées rapidement sur les attendus > de cette énième réforme majeure du système éducatif français, déjà si > fragilisé, et que le temps soit laissé à la concertation, à l’écoute des > instances représentatives des principaux concernés par ces réformes, par un > report de la réforme.* > > —————————— > > [1] <#m_5839401130481888734_m_997723148605825052__ftnref1> 21,8 % en > 2022, 16 % en 2023 pour le premier degré (les chiffres approchant les 50% > dans les académies de Créteil et de Versailles certaines années) ; 23 % en > 2022 et 17,6 % en 2023 pour le CAPES, toutes voies confondues). > https ://www.education.gouv.fr/resultats-des-concours-enseignants-de-la-session-2023-378722 > <www.education.gouv.fr/resultats-des-concours-enseignants-de-la-session-2023-378722> > > [2] <#m_5839401130481888734_m_997723148605825052__ftnref2> > www.ccomptes.fr/fr/publications/universites-et-territoires > > [3] <#m_5839401130481888734_m_997723148605825052__ftnref3> Cadrage > ministériel des master MEEF > www.devenirenseignant.gouv.fr/media/6998/download (p. 5) : 800 > heures d’enseignement minimum hors stage dont 45 % relevant des savoirs > disciplinaires. > > > > > >

