Soutenance HDR
Chères et chers collègues,
J’ai le plaisir de vous informer de la soutenance de mon habilitation à diriger des recherches en histoire contemporaine, le *vendredi 28 juin à partir de 14 heures *à l’Université Paris Cité.
Adresse : salle 209, bâtiment Olympe de Gouges, place Paul Ricoeur, 75013 Paris.
Le dossier s’intitule « *Le Brésil, terre d’utopies. Cultures, identités et espaces du commun* » Il est composé de trois volumes : 1- Un mémoire de synthèse de 147 p. 2- Un recueil d’une sélection de travaux publiés de 576 p. 3- Un mémoire inédit de 451 p., intitulé *Une utopie au milieu du désert.* *L’évènement Canudos, Brésil*.
*Le jury est composé de :*
Charlotte de Castelnau L’Estoile, Professeure d’histoire moderne, Université Paris Sorbonne
Quentin Deluermoz, Professeur d’histoire contemporaine, Université Paris Cité (garant)
Monica Duarte Dantas, Professeure d’histoire contemporaine, Université de São Paulo, Brésil
Daniel Foliard, Professeur d’histoire et de civilisation britannique, Université Paris Cité (président)
Martine Guibert, Professeure de géographie, Université Toulouse Jean Jaurès
Stéphane Michonneau, Professeur d’histoire contemporaine, Université Paris Créteil
Michèle Riot-Sarcey, Professeure émérite d’histoire contemporaine, Université Paris VIII
*Résumé du mémoire inédit*
Intitulé *Une Utopie au milieu du désert. L’évènement Canudos, Brésil*, l’inédit retrace les origines, l’histoire et la mémoire de Belo Monte/Canudos, une communauté paysanne et chrétienne fondée par Antônio Conselheiro en 1893 dans le *sertão* de Bahia, dans la région Nordeste du Brésil. Afin de comprendre la genèse de cette expérience utopique, l’inédit s’ouvre sur l’histoire longue et imparfaite de la colonisation des *sertões* du Nordeste à l’époque coloniale, et l’emprise croissante des « colonels » (les grands propriétaires terriens) sur ces terres sous l’Empire, au xixe siècle, cependant qu’émerge la figure d’Antônio Conselheiro, un prêcheur laïc allant et venant dans ces campagnes pauvres pendant près de 25 années pour y prêcher les Évangiles et améliorer le quotidien des populations *sertanejas*. L’établissement de la République laïque en 1889, qui suit de peu l’abolition de l’esclavage, affecte les conditions de vie déjà dégradées de ces populations et conditionne le choix d’Antônio Conselheiro de se fixer loin dans le *sertão* pour fonder une communauté autonome, qui attire bientôt à elle plusieurs milliers d’habitants. Cette utopie est bâtie au cœur de la *caatinga* (la « forêt blanche »), ce biome décrit comme hostile et inhospitalier par les officiers d’armée et reporters de guerre qui se rendent aux portes de Canudos assiégé, après que l’État brésilien et les colonels, soutenus par la presse républicaine et l’Église, ont déclenché les hostilités, en 1896. Si évènement il y a, c’est qu’il aura fallu pas moins de quatre expéditions militaires pour vaincre ces paysans guérilleros que l’opinion publique érige alors en figure de l’ennemi. Cependant, la victoire chèrement acquise en octobre 1897, au prix du sacrifice de milliers de vie, a un goût amer : l’urbicide et l’extermination des « insurgés » hantent depuis les mémoires au Brésil, de telle sorte que « l’évènement Canudos » (en paraphrasant ici Pierre Laborie) se prolonge et se reconfigure sans cesse depuis lors.
À partir d’une vaste bibliographie et de sources d’une grande diversité, incluant la tradition orale collectée à partir des années 1940 mais aussi le vaste inventaire des créations artistiques et littéraires qui ont tenté de pallier le silence des vaincus après-guerre, cet inédit retrace l’histoire palimpseste de « l’évènement Canudos », de ses mémoires et de sa charge utopique, depuis ses origines jusqu’aux temps présents. L’ampleur de la tâche a nécessité la mobilisation de différentes approches au sein du champ historique (histoire sociale, politique, culturelle et environnementale ; histoire et mémoire), en dialogue avec d’autres disciplines, en particulier la géographie, l’anthropologie historique et l’enquête ethnographique. Enfin, cet inédit est aussi une proposition de mise en récit de l’histoire, en écho à son objet et en prise avec les réflexions contemporaines sur l’écriture de l’histoire et sur l’engagement de l’historien.ne dans la société ; d’où le choix d’une forme originale, qui assume une part de « littéraire » sans renoncer aux exigences de la discipline.
La soutenance sera suivie d’un pot auquel vous êtes cordialement invités. Merci de vous inscrire par simple retour de mail d’ici au 15 juin.
Un lien sera proposé aux personnes qui souhaiteraient suivre la soutenance en visio-conférence. Merci de vous signaler afin que je puisse vous le faire suivre le moment venu.
Sébastien Rozeaux