AAC Des droits subis, agis, manipulés. Expériences féminines entre l’ère napoléonienne et la Belle Époque
en espérant qu’il suscitera l’intérêt de certain.e.s, je me permets de vous faire suivre l’AAC ci-dessous. Bien cordialement, Elisa Tizzoni
Revue Diacronie. Studi di storia contemporanea
Des droits subis, agis, manipulés. Expériences fémininesentre l’ère napoléonienne et la Belle Époque sous la direction de FedericaRe (Consiglio Nazionaledelle Ricerche)
L’historiographie a souligné à plusieurs reprises que, dans la société occidentale de l’époque moderne et contemporaine, les femmes étaient soumises à des systèmes juridiques discriminatoires à leur égard, conçus par les hommes (Gerhard 2016; Bartoloni 2021). À partir de la Révolution française et surtout de la seconde moitié du XIXe siècle, avec l’essor des mouvements féminins et féministes, on voit bien comment elles ont cherché – par des pratiques de protestation, d’opposition, mais aussi de coopération avec des forces politiques qui leur étaient favorables – à changer l’ordre établi et à participer à l’action législative en revendiquant l’égalité des droits qui leur avait été jusqu’alors refusée. Il est bien connu que le XIXe siècle – période de profondes transformations sociales, économiques, politiques et institutionnelles – est crucial pour étudier l’évolution de la condition féminine dans son imbrication avec le monde de la justice. Cependant, les orientations historiographiques les plus récentes incitent à reconsidérer la question sous des nouvelles perspectives. Le concept d’agency, compris non seulement en termes étroits de «résistance à l’autorité masculine ou aux modèles patriarcaux», mais surtout sous la forme d’une ingéniosité à se déplacer à l’intérieur de frontières préétablies et à les tourner à son propre avantage, matérialisée dans une «variété d’interactions quotidiennes avec lesquelles les femmes ont soutenu, négocié ou manipulé les règles sociales et les rôles de genre» (Montenach – Simonton 2013, 5), nous invite à retrouver le point de vue féminin face à la permanence et au changement législatifs. Dans le domaine du droit civil, il faudrait approfondir, par exemple, de quelle manière elles ont tiré parti du divorce et du principe d’égalité successorale introduit par le Code civil de Napoléon (1804), qui a exercé son influence bien au-delà des frontières européennes, notamment en Amérique latine, au Japon et en Afrique, dans ce dernier cas en coexistant et en s’entrecroisant de manière complexe avec des droits coutumiers locaux préexistants. Et encore: le rapport des femmes à l’institution de l’autorisation maritale, alors répandue en Europe, mais contre laquelle les protestations se multiplient, au point qu’elle est abrogée en Grande-Bretagne dès 1882. Ou comment leur vie a été affectée par les avantages d’une législation particulièrement avancée – pensons aux lois scandinaves et, pour l’Empire des Habsbourg, au Code civil universel autrichien de 1811 (Allgemeines Bürgerliches Gesetzbuch, ABGB), plus libéral à leur égard que le Code napoléonien. D’autres enjeux sur lesquels il convient de revenir concernent l’influence sur leurs choix personnels et économiques de la «coverture» qui, au Royaume-Uni et en Amérique du Nord, donnait au mari les droits sur les biens de sa femme. Dans le champs du droit pénal, où le XIXe siècle a vu l’émergence d’un concept de viol exclusivement lié à la pénétration violente – plus moderne que la doctrine pénale du XVIIIe siècle – (Noce 2009), et la reconnaissance du nouveau crime de mauvais traitements dans la famille (Cavina 2011), on pourrait développer les études sur les circonstances dans lesquelles les sujets féminins ont eu recours à la justice pour ces crimes. En ce qui concerne la criminalité féminine, il faudrait donc mener des recherches sur sa diminution en Europe après 1850, corrélée à une amélioration des conditions de vie et à l’émergence de l’Etat-providence (van der Heijden, Pluskota, Muurling 2020), pour la comparer avec d’autres réalités continentales. Mais on pourrait aussi analyser davantage le rôle joué par la presse pour favoriser l’attribution de certains types de crimes aux femmes, comme ce fut le cas pour l’empoisonnement dans la Grande-Bretagne victorienne (Morton 2021). Il serait tout aussi intéressant de mettre en lumière la contribution des femmes à la construction de la criminalistique au cours du XIXe siècle. Ce numéro monographique de Diacronie. Studi di storia contemporanea appelle donc des contributions qui explorent les multiples dimensions, entre persistances et discontinuités, de la relation entre les femmes et la justice de l’ère napoléonienne à la Belle Époque (1799-1914) dans n’importe quel contexte géographique au niveau international. Les sujets peuvent inclure, mais ne sont pas limités à : – les modes et les causes du recours des femmes aux tribunaux civils et/ou pénaux; – les interactions des femmes avec les codifications du XIXe siècle et/ou les permanences et innovations législatives concomitantes; – dynamique de la criminalité féminine; – le lien entre le genre, la criminalité, l’immigration et les conceptions raciales; – rôle joué par la presse dans la construction d’une attribution sexuée des crimes; – les femmes et la justice dans les sources littéraires; – les femmes en tant que sujet et objet de la criminalistique.
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