Appel à communication 80 ans de la Libération / « Figures de la vulnérabilité au prisme de la Seconde Guerre mondiale : entre résistance et résilience », Université de Poitiers

Cher.e.s collègues,

Veuillez trouver ci-dessous un appel à communications pour un colloque organisé dans le cadre du 80e anniversaire de la Libération. Il se tiendra les 10 et 11 octobre prochains. C o-porté par trois équipes de recherches en sciences humaines de l’Université de Poitiers, dont le Criham, il est ouvert aux historien.ne.s.
Les propositions de communication sont à envoyer jusqu’au 20 mai prochain.

Bien cordialement,
Laurence Montel

Appel à communications au colloque international « Figures de la vulnérabilité au prisme de la Seconde Guerre mondiale : entre résistance et résilience »
10 et 11 octobre 2024 – Université de Poitiers
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Soucieux de contribuer au devoir de mémoire pour le quatre-vingtième anniversaire de la Libération, les centres de recherche FoReLLIS, MIMMOC et Criham de l’université de Poitiers organisent, en partenariat avec les Archives Départementales de la Vienne, les associations CultureLLe, VRID-Le Musée et MV (Mémoire & Vérité) ainsi qu’avec l’Espace Mendès France et la Maison de la Poésie, une semaine de manifestations autour de la Seconde Guerre Mondiale du 7 au 11 octobre 2024. Elle sera marquée les 10 et 11 octobre par un colloque international et pluridisciplinaire intitulé : « Figures de la vulnérabilité au prisme de la Seconde Guerre mondiale : entre résistance et résilience ».

Le mot vulnérabilité s’emploie aujourd’hui pour définir des fragilités de toutes formes, qu’elles soient liées à des calamités d’origine humaine, à des catastrophes naturelles ou à des facteurs socioculturels. C’est devenu un terme générique qui occulte une infinie diversité de cas. Si le latin vulnus , blessure, renvoie, en son sens le plus large, à la susceptibilité à être touché par une attaque physique ou morale, l’intensité et les formes de la vulnérabilité varient selon des caractères spécifiques aux individus, comme l’âge, le genre, la condition physique, et selon les contextes relationnels, socio-économiques, politiques ou historiques et leurs contingences. La vulnérabilité relève, en outre, du domaine du possible, du risque, et elle suppose une forme de « réversibilité » : il est possible d’agir sur elle (Dolino-Brodiez 2015).
Le 80ème anniversaire de la Libération offre l’occasion de s’interroger sur la Seconde Guerre mondiale comme conjoncture particulièrement propice au réaménagement du périmètre des vulnérabilités, des processus de vulnérabilisation ainsi que des réactions qu’ils engendrent. Ces derniers ont en effet pris de nouvelles formes et atteint des seuils critiques durant le conflit à cause de la « Solution finale », des expérimentations et des tortures dans les camps nazis, des nouvelles formes de guerre comme le Blitz ou la bombe atomique, de l’occupation, de la répression, des privations de toutes sortes, et des phénomènes de résistance et de résilience inouïs qui leur ont fait face. En outre, si les « institutions humaines protègent toujours, dans leur agencement même des circonstances, certains individus, et en exposent d’autres à différentes formes d’événements et de torts » ( Cahiers du genre , 2015), la Seconde Guerre a rendu ces phénomènes de protection et d’exposition plus problématiques. Les lois, les constitutions et les sociétés ont été profondément bouleversées lors du conflit, puis ont dû se réinventer. Par exemple, lors du conflit, les lois raciales ont institutionnalisé la ségrégation et les persécutions, l’occupation a modifié les comportements collectifs en France et en Europe (Laborie & Marcot, 2015). Après la fin des hostilités le procès de Nuremberg a permis l’institution du crime contre l’humanité. En France, la Quatrième République s’est inspirée du programme politique du Conseil National de la Résistance (sécurité sociale notamment).
Ce colloque s’inscrit dans les nouvelles approches culturelles, interdisciplinaires, comparatives et transnationales qu’ont adoptées l’historiographie et la critique littéraire de la Seconde Guerre mondiale et qui réévaluent la violence des expériences vécues, le trauma, et son impact au long cours, ainsi que les notions de vulnérabilité et de résistance (Leese & Kivimaki, 2022). Il a pour but de s’interroger sur les nouvelles formes de vulnérabilité et sur leurs représentations dans les discours contemporains au conflit, mais aussi dans ceux qui l’ont précédé, puisque les processus de stigmatisation commencent en amont, et dans ceux qui l’ont suivi, qu’il s’agisse de témoignages a posteriori après un long silence traumatique, de geste mémoriel ou de (ré)écriture de l’histoire.
Quels sont les processus de vulnérabilisation engendrés par les projets de « régénération nationale », par les nouvelles formes de destruction, par les pressions sociales et étatiques, par les bouleversements géopolitiques, par les nouveaux médias et leur manipulation ? Qui sont les « vulnérables » et comment réagissent-ils ? Comment ce que Peter Leese décrit comme « l’interaction complexe des silences, des stigmates et de la résilience » (ibid.) se met-elle en place ? Comment le discours politique, journalistique mais aussi le témoignage personnel, la littérature, les arts plastiques et visuels représentent-ils la vulnérabilité et la résistance ? Qu’ont-ils à en dire ? Leurs auteurs sont-ils eux-mêmes vulnérables, soit qu’ils soient soumis à la censure et agissent dans la clandestinité, soit qu’ils soient victimes d’une mémoire traumatisée et défaillante ou de préjugés, soit encore qu’ils succombent au manque d’originalité dénoncé par George Orwell (Fussel 1990 ; Rawlinson 2000 ; McKay 2007) ? La fiction vulnérabilise-t-elle ou éclaire-t-elle le réel ? Quels sont les liens entre la petite et la grande Histoire ? Quels sont les risques liés aux processus de (ré)écriture et de mémorialisation ?
Les communications exploreront ces questions dans le cadre d’une perspective mondiale. Par-delà la France de Vichy et l’Europe sous domination nazie, elles pourront porter sur les autres pays engagés dans le conflit, sur les fronts militaires ou les territoires occupés, ainsi que sur les espaces coloniaux impliqués de force – en considérant notamment les formes de vulnérabilité des populations colonisées. Des lignes de partage du social comme le genre, l’âge, la race (en tant qu’elle est une construction sociale) seront aussi à envisager. Le cadre chronologique est centré sur les cinq années de guerre et leur temps de mémoire. Mais il n’exclut pas leurs prémices : on sait aujourd’hui qu’on ne peut pas étudier ce temps de la Guerre comme une parenthèse.

L’appel est ouvert à des contributions inscrites dans les différentes disciplines des Humanités : littérature, histoire, histoire militaire, histoire de l’art, philosophie, psychologie, sociologie, anthropologie, musicologie…
Les propositions sont à envoyer conjointement, avec une courte notice bio-bibliographique, à :
Marius Hentea ( [ mailto:marius.mihai.hentea@univ-poitiers.fr | marius.mihai.hentea@univ-poitiers.fr ] ),
Laurence Montel ( [ mailto:laurence.montel@univ-poitiers.fr | laurence.montel@univ-poitiers.fr ] ),
Stéphanie Noirard ( [ mailto:stephanie.noirard@univ-poitiers.fr | stephanie.noirard@univ-poitiers.fr ] )
Hanene Zoghlami ( [ mailto:hanene.zoghlami@univ-poitiers.fr | hanene.zoghlami@univ-poitiers.fr ] )
avant le 20 mai.
Le colloque donnera ensuite lieu à publication.
Les orateurs incluent : Lyndsey Stonebridge (Birmingham), John Bak (Nancy), Patrick Brown (Amsterdam), Patrick Deer (New York).

Call for papers: International conference: Figures of Vulnerability through the lens of the Second World War: Between Resistance and Resilience
University of Poitiers, 10, 11 October 2024

In order to contribute to the duty of remembrance for the eightieth anniversary of France’s Liberation, FoReLLIS, MIMMOC, and Criham, research centres at the University of Poitiers, are organising, in partnership with Archives Départementales de la Vienne, CultureLLe, VRID-le Musée, M&V, Espace Mendès-France and Maison de la Poésie, a week of events around the Second World War from 7 to 11 October 2024. An international, multidisciplinary conference will be held from October 10 to October 11.

The term vulnerability is now used to define any kind of fragility, whether it is related to human-caused calamities, natural disasters or sociocultural factors. It has become a catch-all word which blinds us to a multiplicity of cases. While the Latin vulnus , meaning wound, broadly refers to potential physical or moral attacks, the intensity and forms of vulnerability vary according to the specific characteristics of individuals, such as age, gender, and physical condition, and according to relational, socio-economic, political or historical contexts and their contingencies. Vulnerability, moreover, belongs to the domain of possibility and presupposes both risk and a form of « reversibility »: it may be acted upon (Dolino-Brodiez, 2015).
The 80th anniversary of France’s Liberation marks an excellent opportunity to reflect on the new intensity, forms and figures of vulnerability and on the process of vulnerabilisation during the Second World War, and how they were readjusted, navigated and resisted. Vulnerability reached new heights and took on new forms during the war years because of the « Final solution », experiments and torture in Nazi camps, new forms of warfare, such as the Blitz or the atomic bomb, occupation, repression, various deprivations, and the unprecedented resistance and resilience that arose in response. Furthermore, while « in their actions, human institutions will protect some individuals and expose others to wrongs or rough doings » ( Cahier du Genre , 2015), the Second World War made these phenomena of protection and exposure more problematic. Laws, constitutions and societies were deeply marked by the conflict and subsequently had to reinvent themselves. Before and during the war, for instance, racial laws institutionalised segregation and persecutions, the German occupation changed collective behaviour in France and other European countries (Laborie & Marcot, 2015). After the end of hostilities, the Nuremberg Trial led to the instauration of the crime against humanity. The French Fourth Republic was inspired by the political agenda of the Conseil National de la Résistance (notably with the creation of the welfare state).
This conference is anchored in the cultural, interdisciplinary, comparative, and transnational perspectives adopted by the historiography and literary criticism of the Second World War which have renewed debates about trauma and the experiences of violence during the war years and their long-term impact, as well as the concepts of vulnerability and resistance (Leese & Kivimaki, 2022). It aims to interrogate the new types of vulnerability and their representations in all forms of discourse, whether during the war—as stigmatisation started earlier—or in the aftermath—distant testimonies after long traumatic silence; memorial acts; history (re)writing.
What are the processes of vulnerabilisation engendered by the projects of « national regeneration », by the new forms of destruction, by social and State pressure, by geopolitical upheavals, by the new media and their manipulation? Who are « the vulnerable » and how do they react? How do, as Peter Leese would have it, « silence, stigma and resilience » come into a « complex interplay » (ibid.)? How do political or journalistic discourse, as well as personal testimonies, literature, plastic and visual arts represent vulnerability and resistance? What do they have to say about these subjects? Are authors or artists vulnerable, too, as they may have been subjected to censorship and thus acted in a clandestine way, or because their memory may be traumatised or failing, or because they may have been prejudiced or have succumbed to the lack of originality denounced by George Orwell (Fussell 1990; Rawlingson 2000; McKay 2007)? Does fiction impinge on reality or shed light on it? To what extent are smaller history and big History related? What are the risks associated with the different processes of (re)writing history and memorialisation?
Papers will explore these questions within a global perspective. Beyond Vichy France and Europe under Nazi domination, they may address all the countries that were involved in the conflict, either on military fronts or as occupied territories, or again as colonies forcedly involved – considering notably forms of vulnerability within colonised populations. Social divisions such as gender, age, race (as a social construct) may also be considered. The chronological scope includes the war years as well as postwar memorialisation, without excluding earlier warning-sign events, as it is now evident that the war cannot be studied as a parenthetical moment in history.
The call is open to contributions from all disciplines of humanities studies and social sciences: literature, history, military history, art history, philosophy, psychology, anthropology, sociology, musicology, linguistic studies, etc.
Proposals in French or English are to be sent with a short bio-bibliographical notice to:
Marius Hentea ( [ mailto:marius.mihai.hentea@univ-poitiers.fr | marius.mihai.hentea@univ-poitiers.fr ] ),
Laurence Montel ( [ mailto:laurence.montel@univ-poitiers.fr | laurence.montel@univ-poitiers.fr ] ),
Stéphanie Noirard ( [ mailto:stephanie.noirard@univ-poitiers.fr | stephanie.noirard@univ-poitiers.fr ] )
Hanene Zoghlami ( [ mailto:hanene.zoghlami@univ-poitiers.fr | hanene.zoghlami@univ-poitiers.fr ] ) by May 20.
A selection of papers is then to be published.
Keynote speakers include Lyndsey Stonebridge (Birmingham), John Bak (Nancy), Patrick Brown (Amsterdam), Patrick Deer (New York).
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Dolino Brodiez Axelle, « La vulnérabilité, nouvelle catégorie de l’action publique », informations sociales , vol.2, n°188, p.10-18
Laborie Pierre, Marcot François (dir), Les comportements collectifs en France et dans l’Europe allemande 1940-1945 . Historiographie, normes, Prismes , Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2015
Peter Leese , Ville Kivimaki , Trauma, Experience and Narrative in Europe after World War II , Londres, Palgrave Mcmillan, 2022
Fussel Paul, Wartime : Understanding and Behaviour in the Second World War , Oxford, Oxford University Press, 1990 ; Rawlinson Mark, British Writing of the Second World War , Oxford, Oxford University Press, 2000 ; Mackay Marina, Modernism and World War II , Cambridge, Cambridge University Press, 2007
MCF histoire contemporaine Université de Poitiers Criham – EA 4270 criham.labo.univ-poitiers.fr/membres/laurence-montel/ univ-poitiers.webex.com/meet/laurence.montel