Nous vous prions de trouver ci-dessous un appel à contribution pour le dossier n°9 de la Revue d’Histoire culturelle XVIIIe-XXIe siècles. Vous en souhaitant bonne réception, bien cordialement.
Françoise Taliano-des Garets Professeure d’Histoire contemporaine Sciences Po Bordeaux CHS Mondes contemporains Paris 1
Didier Nativel Professeur Histoire de l’Afrique Université de Paris Direction du CESSMA.
Appel à contribution pour le dossier thématique n° 9 :
Le patrimoine colonial urbain, une histoire mémorielle (1945-2024).
Ce dossier propose d’approfondir la réflexion sur les relations que les sociétés entretiennent avec le patrimoine colonial urbain depuis le milieu du XXe siècle. Au terme d’un long processus, la notion de patrimoine a pu être définie au sein du monde occidental, comme un héritage commun reposant sur la réalité physique de ses objets et donnant lieu à expertise. À ce titre, il bénéficie d’une reconnaissance juridique légitimant sa sauvegarde, de la mise en œuvre d’actions publiques pour l’étudier, le conserver, le transmettre de générations en générations. Il peut conduire à des formes de reconnaissance sentimentale, à la mise en place de rituels spécifiques, voire à des mobilisations sociales. La notion n’a cessé de s’élargir depuis les années 1980 et sa grande fluidité complexifie l’approche. L’extension du champ patrimonial a également gagné le niveau international. Le patrimoine dans la définition de l’UNESCO peut être matériel, immatériel, naturel, culturel, mixte, et de très nombreuses études, pour partie issues de l’anthropologie, ont rendu compte de cette évolution. En outre, l’existence de mouvements de patrimonialisation ou, à l’inverse, de destructions, de changements de fonction ou d’abandon dans l’indifférence, tout comme les remises en question, voire les rejets, à l’égard de la notion même de patrimoine, modifient la manière d’appréhender les questions patrimoniales.
Or, un certain nombre d’éléments de l’espace public urbain (bâtiments, statuaire, fontaines, paysages, odonymie…), issus de la colonisation européenne, et ce sur plusieurs continents, sont au cœur de débats mémoriels parfois virulents (enjeux relatifs à la domination ou à la violence coloniales) et, ce faisant, d’interrogations, de controverses, sur ce qui est patrimonialisable ou ce qui doit être dépatrimonialisé. Destructions, déboulonnages de statues illustrent de façon spectaculaire ces tensions mémorielles aussi bien dans les nations issues de la décolonisation que dans les anciennes puissances impériales et appellent une analyse comparée dans le temps et dans l’espace.
En se centrant sur l’espace public urbain depuis 1945, moment où le processus planétaire de décolonisation s’enclenche, l’objectif de ce dossier d’histoire culturelle est de faire progresser une approche historienne mêlant des études sur les acteurs, les représentations et les pratiques patrimoniales avant et après les indépendances. Il vise à mettre en exergue des évolutions dans la perception de ce patrimoine, des moments de rejet, d’indifférence, d’oubli, d’instrumentalisation politique ou économique. L’accent sera mis sur le croisement entre les interrogations relatives aux mémoires des passés coloniaux et les questionnements sur ce qui est susceptible d’entrer ou non dans le cadre patrimonial, y compris sous un angle mémoriel conflictuel.
L’attention pourra plus particulièrement se porter sur : 1/ les processus de patrimonialisation ou, au contraire, de dépatrimonialisation avant et après les indépendances, à partir d’exemples pris sur tous les continents ; 2/ les acteurs de ces processus, leurs conditions et les objets sur lesquels ils portent (productions architecturales publiques ou privées, places, parcs et jardins, statuaire et odonymie) ; 3/ les débats liant les questions patrimoniales et mémorielles dans leurs dimensions coloniale et post-coloniale.
Direction scientifique : Françoise Taliano-des Garets, Didier Nativel
Quelques repères bibliographiques :
Hamady Bocoum et Bernard Toulier, « La fabrication du Patrimoine : l’exemple de Gorée (Sénégal). In Situ. Revue des patrimoines », février 2013, no 20.
Chiara Bortoletto, « L’UNESCO comme arène de traduction. La fabrique globale du patrimoine immatériel », Gradhiva, 2013, 18 : 50-73.
Daniel Fabre, Emotions patrimoniales, MSH, ministère de la Culture, Paris, 2013.
Emmanuel Fureix, « Déboulonnages et dévoilements : l’histoire en morceaux ? », Écrire l’histoire, 20-21 | 2021, mis en ligne le 01 septembre 2022.
Alain Godonou, Christine Mengin, Jean-Pierre Duprat (dir.) Porto-Novo patrimoine et développement, PUS Ecole du patrimoine africain, 2015.
Odile Goerg, Xavier Huetz de Lemps, La ville coloniale (XVe-XXe siècle), Histoire de l’Europe urbaine 5, Jean-Luc Pinol (dir.), Paris, Seuil, 2003.
Charles Goldblum, « Réflexions à propos du patrimoine urbain en Asie du Sud-Est, sur le versant de l’« UNESCO-isation » », Moussons, 36 | 2020, 35-51.
Maria Gravari-Barbas et Sylvie Guichard-Anguis (dir.), Regards croisés sur le patrimoine dans le monde à l’aube du XXIe siècle, Paris, Presses universitaires de Paris Sorbonne, 2003.
Nabila Oulebsir, criham.labo.univ-poitiers.fr/membres/nabila-oulebsir/
Marc Pabois
Dominique Poulot, Une histoire du patrimoine en Occident XVIIIe-XXIe siècle, du monument aux valeurs, Paris, PUF 2006.
Pierre Singaravelou Colonisations. Notre histoire (dir.), éditions du Seuil, septembre 2023,
Sébastien Verney, « Spécificités et ambiguïtés du patrimoine colonial. L’exemple franco-vietnamien (1858-2014) », Revue Ethnologies<www.erudit.org/fr/revues/ethno/>, Volume 39, numéro 1, 2017, p. 155–165, Géopolitique, conflits et patrimoine<www.erudit.org/fr/revues/ethno/2017-v39-n1-ethno03943/>.
Danièle Wozny, Barbara Cassin, Les intraduisibles du patrimoine en Afrique subsaharienne, Paris, Demopolis, 2016.
Voir aussi :
heritage-hybrid.sciencesconf.org/data/pages/Paris_1_Una_PhD_Workshop_Proceedings_3.pdf
criham.labo.univ-poitiers.fr/wp-content/uploads/sites/376/2022/02/2022_coll_Interactions_progr.pdf
www.grafiati.com/en/literature-selections/patrimoine-colonial/ Échéancier :
* Soumission d’un résumé (2 500 signes maximum) et d’une brève notice bio-bibliograhique avant le 20 décembre 2023 aux trois adresses suivantes : f.taliano@sciencespobordeaux.fr<mailto:f.taliano@sciencespobordeaux.fr>; didier.nativel@u-paris.fr<mailto:didier.nativel@u-paris.fr> ; revuedeladhc@gmail.com<mailto:revuedeladhc@gmail.com>
* Notification aux auteurs : 15 janvier 2024 * Remise première version des articles : 1er mai 2024 * Retour des expertises des articles : 1er juin 2024 * Remise version 2 par les auteurs : 1er juillet 2024
* Remise des articles complets (50 000 signes environ espaces compris) : 31 juillet 2024
* Publication du numéro 9 de la revue : 30 septembre 2024
Call for contributions for thematic file n°9 Urban colonial heritage, a memorial history (1945-2024).
This file proposes to deepen the reflection on the relationships that societies have maintained with urban colonial heritage since the mid-20th century. At the end of a long process, the notion of heritage was defined in the Western world, as a common heritage based on the physical reality of its objects and giving rise to expertise. As such, it benefits from legal recognition legitimizing its preservation and from the implementation of public actions to study it, conserve it, and transmit it from generation to generation. It can lead to forms of sentimental recognition, the establishment of specific rituals, or even social mobilizations. The notion has continued to expand since the 1980s and its great fluidity complicates the approach. The extension of the heritage field has also reached the international level. Heritage in the UNESCO definition can be tangible, intangible, natural, cultural, mixed, and many studies, parts of which derived from anthropology, have reported on this evolution. Furthermore, the existence of movements of heritage or, conversely, of destruction, changes of function or abandonment in indifference, as well as the questioning, even rejection, with regard to the very notion of heritage, modify the way of understanding heritage issues.
However, a certain number of elements of urban public space (buildings, statuary, fountains, landscapes, odonymy, etc.), resulting from European colonization, and present on several continents, are at the heart of sometimes virulent memorial debates (regarding issues pertaining to colonial domination or violence) and, thus, of questions and controversies, about what is heritageable or what must be depatrimonialized. Destructions and unbolting of statues spectacularly illustrate these memory tensions both in the nations resulting from decolonization and in the former imperial powers and call for a comparative analysis in time and space.
By focusing on urban public space since 1945, when the global process of decolonization began, the objective of this cultural history file is to promote a historical approach that combines studies of actors, representations and heritage practices before and after independence. It aims to highlight changes in the perception of this heritage, moments of rejection, indifference, oversight as well as political or economic exploitation. The emphasis will be placed on the intersection between questions relating to the memory of colonial pasts and reflections on what is or is not likely to be included in the heritage framework, including from a conflicting memorial angle.
Particular attention will be paid to: 1/ the processes of patrimonialization or, on the contrary, depatrimonialization before and after independence, using examples from every continent; 2/ the actors involve in these processes, their conditions and the objects on which they relate (public or private architectural productions, squares, parks and gardens, statuary and odonymy); 3/ debates linking heritage and memory issues in their colonial and post-colonial dimensions.
scientific direction: Françoise Taliano-des Garets, Didier Nativel
Some bibliographical references
Hamady Bocoum et Bernard Toulier, « La fabrication du Patrimoine : l’exemple de Gorée (Sénégal). In Situ. Revue des patrimoines », février 2013, no 20.
Chiara Bortoletto, « L’UNESCO comme arène de traduction. La fabrique globale du patrimoine immatériel », Gradhiva, 2013, 18 : 50-73.
Daniel Fabre, Emotions patrimoniales, MSH, ministère de la Culture, Paris, 2013.
Emmanuel Fureix, « Déboulonnages et dévoilements : l’histoire en morceaux ? », Écrire l’histoire, 20-21 | 2021, mis en ligne le 01 septembre 2022.
Alain Godonou, Christine Mengin, Jean-Pierre Duprat (dir.) Porto-Novo patrimoine et développement, PUS Ecole du patrimoine africain, 2015.
Odile Goerg, Xavier Huetz de Lemps, La ville coloniale (XVe-XXe siècle), Histoire de l’Europe urbaine 5, Jean-Luc Pinol (dir.), Paris, Seuil, 2003.
Charles Goldblum, « Réflexions à propos du patrimoine urbain en Asie du Sud-Est, sur le versant de l’« UNESCO-isation » », Moussons, 36 | 2020, 35-51.
Maria Gravari-Barbas et Sylvie Guichard-Anguis (dir.), Regards croisés sur le patrimoine dans le monde à l’aube du XXIe siècle, Paris, Presses universitaires de Paris Sorbonne, 2003.
Nabila Oulebsir, criham.labo.univ-poitiers.fr/membres/nabila-oulebsir/
Marc Pabois
Dominique Poulot, Une histoire du patrimoine en Occident XVIIIe-XXIe siècle, du monument aux valeurs, Paris, PUF 2006.
Pierre Singaravelou Colonisations. Notre histoire (dir.), éditions du Seuil, septembre 2023,
Sébastien Verney, « Spécificités et ambiguïtés du patrimoine colonial. L’exemple franco-vietnamien (1858-2014) », Revue Ethnologies<www.erudit.org/fr/revues/ethno/>, Volume 39, numéro 1, 2017, p. 155–165, Géopolitique, conflits et patrimoine<www.erudit.org/fr/revues/ethno/2017-v39-n1-ethno03943/>.
Danièle Wozny, Barbara Cassin, Les intraduisibles du patrimoine en Afrique subsaharienne, Paris, Demopolis, 2016.
Voir aussi :
heritage-hybrid.sciencesconf.org/data/pages/Paris_1_Una_PhD_Workshop_Proceedings_3.pdf
criham.labo.univ-poitiers.fr/wp-content/uploads/sites/376/2022/02/2022_coll_Interactions_progr.pdf
www.grafiati.com/en/literature-selections/patrimoine-colonial/
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