Quand l’histoire sert à faire la guerre

Chères et chers collègues – Je vous signale la parution, aux Presses du Septentrion d’un ouvrage collectif dirigé par un collègue moderniste *Quand l’histoire sert à faire la guerre – *( www.septentrion.com/EN/livre/?GCOI=27574100153140).
Cet ouvrage propose une réflexion sur la manière dont l’histoire a pu et continue d’être instrumentalisée pour justifier et légitimer l’ouverture des conflits et le passage à la violence, de la guerre en Ukraine à l’Antiquité, et de l’Asie à l’Amérique du Sud en passant par l’Europe. Cordialement – J.-N. Luc

*Benjamin Deruelle (dir.), Quand l’Histoire sert à faire la guerre, Montréal, Leméac/PuS, 2023,** 210 p.*
Le 21 février 2022, Vladimir Poutine reconnaissait l’indépendance des territoires séparatistes ukrainiens. Trois jours plus tard, la Russie envahissait l’Ukraine. Une fois de plus, l’Histoire, au cœur du discours du président russe, avait servi à justifier la guerre.
Au sein des sciences humaines, l’Histoire a cela de particulier d’être non seulement celle de la connaissance du passé, mais également un outil au service de la structuration des identités et de la construction des imaginaires nationaux. Sa puissance argumentative en a fait un instrument de choix dans l’action politique. Au cours des siècles, différents groupes et chefs d’État l’ont mobilisée, dévoyée ou manipulée afin de préparer leurs opinions publiques, de convaincre les indécis, d’encourager l’engagement militaire ou de légitimer, aux yeux de la communauté internationale, le bien-fondé du recours à la force et du passage à la violence.
Entre rigueur historique et enjeux sociaux, au cœur du rapport entre pouvoir et société, les textes réunis dans ce volume reviennent sur les usages belliqueux de l’Histoire. De l’Antiquité à nos jours, de l’Orient à l’Occident et du Nord au Sud, chaque chapitre rappelle que la connaissance du passé reste incontournable non seulement pour comprendre le monde actuel et ses dynamiques, mais encore pour se protéger de l’instrumentalisation de l’Histoire et de la désinformation, tant par le passé qu’à l’âge des réseaux sociaux.
*Introduction. Les larmes de Clio. Quand l’Histoire sert à faire la guerre – **Benjamin Deruelle*
*La guerre entre la Russie et l’Ukraine : une fatalité historique ? (2022) – **Éric Aunoble*
*Le passé recomposé… **L’Histoire à l’épreuve de la Troisième Guerre d’Indochine (1979) – **Christopher Goscha*
*Du dévoiement de l’Histoire au génocide. L’Allemagne nazie et la préparation de la Seconde Guerre mondiale (années 1920-1930) – **Deborah Barton*
*L’ordre et la civilisation au service de la guerre de pacification contre les populations bayas et panas de la Haute-Sangha et de l’Ouham-Pendé (1928-1930) – **Patrick Dramé*
*Passés insurrectionnels et présent des « Pâques sanglantes » dans la Proclamation de la République irlandaise (1916) – **Laurent Colantonio*
*Se libérer des tyrans. Les guerres d’indépendance latino-américaines et l’invention de l’imaginaire anticolonial (1815) – **Geneviève Dorais*
*« Je me vis dans l’Histoire. » Bonaparte au futur antérieur (1799-1806) – **Bernard Gainot*
*Dans le regard du colonisateur. Le Grand Dérangement ou la négation de l’histoire natale des Acadiens et des Acadiennes (1755-1762)- **Jean-Philippe Garneau*
*« [S]i n’eust esté la malice, tyrannie, [et] les guerres » des Espagnols. Rhétorique pour une invasion de l’Italie à l’aube de l’époque moderne (1494) – **Benjamin Deruelle*
*Nos ancêtres les Wisigoths ou Comment justifier la « reconquête » chrétienne de la péninsule Ibérique au Moyen Âge (VIIIe-XVe siècles) – **Hélène Sirantoine*
*Une guerre peut-elle être juste ? Des usages romains de l’Histoire dans les entrées en guerre (IIIe-Ier siècles av. J.-C.) – **Simon Cahanier et Sophie Hulot*
*Épilogue. L’Histoire peut-elle servir la paix ? – **Carl Bouchard*