Séminaire « Les Européens et le maintien de la paix depuis la fin de la guerre froide » / Nantes Université / 1e séance : jeudi 9 novembre, 18h-20h
Le séminaire annuel 2024/2025 du Centre Jean Monnet UniPaix intitulé Les Européens et le maintien de la paix depuis la fin de la guerre froide, pratiques et fondements, organisé par Frédéric Gloriant et Michel Catala, débutera le jeudi 9 novembre à 18h, amphi A du bâtiment Tertre de Nantes Université.
Cette première séance portera sur « L’engagement des Européens en Croatie et en Bosnie » avec la participation d’Anne Madelain (INALCO, auteure de l’ouvrage L’expérience française des Balkans 1989-1999) et le témoignage de Patrick Le Corre sur les mobilisations de la société civile nantaise.
La deuxième séance aura lieu le jeudi 7 décembre à 18h au même endroit et traitera de « L’engagement de la France au Rwanda » avec pour invités Chantal Morelle, historienne, membre de la commission Duclert sur le rôle de la France au Rwanda, et Étienne Smith (Sciences Po Bordeaux).
Vous trouverez ci-dessous une présentation générale du séminaire et le programme prévisionnel des séances.
Bien cordialement,
Frédéric GLORIANT MCF Histoire contemporaine Directeur du Centre interdisciplinaire sur les enjeux stratégiques (CIENS) École Normale Supérieure (Ulm) ciens.ens.psl.eu/ <ciens.ens.psl.eu/> Université de Nantes – CRHIA
PRÉSENTATION DU SÉMINAIRE
Séminaire du Centre d’Excellence Jean Monnet UniPaix (Nantes Université)
Les Européens et le maintien de la paix depuis la fin de la guerre froide, pratiques et fondements
Organisation : Frédéric Gloriant et Michel Catala
Ce séminaire pluridisciplinaire visera en 5 séances à explorer l’engagement des Européens, depuis la fin de la guerre froide, dans des interventions multiples et multiformes de rétablissement de la paix ou de maintien de la paix (peace making / peace keeping), sur des théâtres variés – européens (Balkans) ou non (essentiellement Afrique et Moyen-Orient). Par Européens, nous entendons à la fois l’Union Européenne (UE), mais aussi les puissances européennes qui purent intervenir militairement seules (Rwanda pour la France, Sierra Leone pour le Royaume-Uni) ou en coalition, essentiellement via l’OTAN (Bosnie, Kosovo).
Il s’agira de s’interroger sur les raisons qui poussèrent les Européens à mettre l’idée de gestion de crise et de maintien de la paix au cœur de leur doctrine stratégique, à en faire le point nodal des efforts d’intégration européenne en matière de défense (avec l’émergence de la PESD, politique européenne de sécurité et de défense, devenue ensuite, PSDC, politique de sécurité et de défense commune), et enfin, à s’engager, sous bannière européenne, dans toute une série d’interventions militaires ou civilo-militaires suite à l’impulsion donnée par l’accord franco-britannique de Saint-Malo en 1998. Même si l’ampleur de ces interventions resta toujours modeste, l’ambition était de faire de l’UE un security provider (à l’inverse de la situation qui avait prévalu pendant toute la guerre froide) et ce retournement s’accompagnait d’un discours de légitimation présentant l’UE comme particulièrement apte à réussir ses missions de peace keeping – d’abord par la nature même du projet de construction européenne fondée sur l’idée de réconciliation, mais aussi par la variété des instruments d’intervention et d’influence que l’UE serait capable de mettre en œuvre au service de la paix sur un théâtre d’intervention donné (instruments militaires, mais aussi civilo-militaires, économiques, normatifs).
Il conviendra également de mettre au jour tout l’arrière-plan idéologique, le mode de pensée politico-stratégique qui a accordé une place centrale à ce type de missions militaires pour l’Europe : quel rôle jouèrent les héritages postcoloniaux des grands États-membres anciennement puissances impériales – à commencer par la France et le Royaume-Uni ? quel lien avec la thématique de la « fin de l’Histoire » (F. Fukuyama) et l’idée d’une Europe post- moderne ou post-westphalienne, dont un des rôles au plan international serait de pacifier les zones de non-droit en voie de régression (Robert F. Cooper) ? dès lors, y aurait-il lieu d’établir une continuité, dans la longue durée, entre ces opérations européennes de maintien de la paix et le thème de la « pacification » des sociétés africaines à l’occasion de la colonisation (un argument fondamental ayant servi à justifier la colonisation) ?
Il s’agira enfin d’examiner les débats politiques et l’évolution des opinions publiques à la fois européennes et africaines sur le rôle de l’Europe dans les situations de conflits : les Européens et/ou l’UE ont-ils été perçus réellement comme des agents de maintien de la paix ou au contraire les interventions ont-elles été finalement ressenties comme des facteurs aggravants des conflits ? Quel bilan général peut-on dresser de cette première quinzaine d’années post-guerre froide où le peace keeping sembla devenir, en particulier pour l’Europe, la vocation ultime de l’emploi de la force au plan international ?
Chaque séance, ouverte au public, s’articule autour de deux intervenants, l’un universitaire (auteur d’une publication récente sur la question), l’autre praticien ou grand témoin, autour de telle ou telle étude de cas.
PROGRAMME PRÉVISIONNEL DES SÉANCES
Séance n° 1, jeudi 9 novembre 2023, 18h-20h : « Les Européens en Croatie et en Bosnie »
Invités :
– Anne Madelain (historienne, MCF, INALCO), auteure de l’ouvrage L’expérience française des Balkans 1989-1999
– Patrick Le Corre (grand témoin des mobilisations de la société civile nantaise en faveur de la paix en Bosnie)
Séance n° 2, jeudi 7 décembre 2023, 18h-20h : « L’engagement de la France au Rwanda »
Invités :
– Chantal Morelle (historienne, membre de la Commission Duclert)
– Étienne Smith (historien, MCF, IEP de Bordeaux)
Séance n° 3, jeudi 8 février 2024 : « L’UE et le maintien de la paix au Kosovo »
Séance n° 4, mars 2024 (date à préciser) : « La lutte contre la piraterie au large de la Somalie, un succès européen ? »
Séance n° 5, avril 2024 (date à préciser) : « Séance-Bilan : Maintenir la paix en Europe après la fin de la guerre froide »