Colloque ANR EN-MIG
Veuillez trouver ci-dessous l’appel à communication pour un colloque du programme ANR EN-MIG Enfants en décolonisation : migrations contraintes et construction individuelle, qui aura lieu à l’Université d’Angers en juin 2024.
Bien cordialement et bel été. YD
Yves Denéchère Professeur d’histoire contemporaine – Université d’Angers Directeur de TEMOS (Temps, Mondes, Sociétés) UMR 9016 CNRS, Universités d’Angers, Bretagne Sud, Le Mans Titulaire de la chaire ‘Parole et pouvoir d’agir des enfants et des jeunes’ EnJeu[x] – Pôle universitaire ligérien d’études en enfance-jeunesse Maison de la Recherche Germaine Tillion – Bureau 205 5bis boulevard Lavoisier 49045 Angers cedex 01 blog.univ-angers.fr/yvesdenechere/ temos.cnrs.fr/ enfance-jeunesse.fr/
Colloque international
Enfants en décolonisation : migrations contraintes et construction individuelle (1945-1980)
Université d’Angers
19-20 juin 2024
Appel à communication
Ce colloque du programme ANR EN-MIG [ https://enmig.hypotheses.org/ | https://enmig.hypotheses.org/ ] organisé à l’Université d’Angers par l’UMR TEMOS [ https://temos.cnrs.fr/ | https://temos.cnrs.fr/ ] , le Pôle universitaire ligérien d’études sur l’enfance-jeunesse [ https://enfance-jeunesse.fr/ | https://enfance-jeunesse.fr/ ] et sa chaire ‘Parole et pouvoir d’agir des enfants et des jeunes’ a pour objectif de restituer des résultats du programme EN-MIG qui porte sur le cas français et d’amorcer une comparaison et un dialogue avec les autres empires coloniaux et les territoires qui ont connu des migrations contraintes d’enfants en contexte de décolonisation.
Argumentaire :
Le programme ANR EN-MIG (2022-2024) interroge les effets des logiques biopolitiques sur la construction personnelle des enfants ayant vécu des mobilités imposées. Il porte sur les migrations contraintes vers la France ou ses possessions impliquant des enfants des différentes parties de l’empire colonial français en décomposition, en premier lieu l’Indochine (enfants métis, enfants de troupe), l’Algérie (enfants de familles rapatriées d’Algérie, dont les familles de harkis) et Madagascar (enfants métis et réunionnais) ; mais également des territoires moins touchés comme ceux de l’Afrique équatoriale française (AEF) ou de l’Afrique occidentale française (AOF) avec l’étude des mineurs migrant vers la métropole ; ou encore ceux qui ont connu une décolonisation sans indépendance (devenus territoires et départements d’outre-mer, la Réunion notamment). Ces flux qui convergent vers la métropole se sont déroulés au sein d’une matrice commune constituée par les processus de décolonisation. La dimension comparative intrinsèque à ce colloque devrait permettre d’éclairer aussi bien les points communs que les spécificités de chaque histoire migratoire collective. Les trajectoires des enfants migrants sont souvent enchevêtrées et gagnent aussi à être étudiées dans une perspective d’histoire connectée. La période étudiée comprend des migrations ayant eu lieu jusque dans les années 1970, sans s’interdire de prendre en compte leurs prolongements actuels. Le projet considère également la très grande variabilité des espaces, des contextes et des modalités de ces migrations.
L’enfance est définie ici comme la catégorie d’âge entre la naissance et la majorité civile, les jeunes enfants comme les adolescents et les jeunes sont donc pris en compte. En s’inscrivant dans les child-centered research – qui partent du point de vue des enfants et redonnent une égentivité aux enfants, notamment par le biais de l’utilisation de sources enfantines et de sources orales portant une parole différée – EN-MIG entend nuancer la notion de contrainte à l’aune de données empiriques, a fortiori pour les enfants qui se déplacent sans leurs parents biologiques. Il importe en effet d’interroger les différents types de migrations d’enfants à la fois comme source de vulnérabilité, et comme support de construction de leur autonomie, et saisir comment les enfants et adolescents naviguent entre contraintes et opportunités. La construction de leur identité par les enfants déplacés résulte d’une articulation entre la relation au cadre et à l’environnement (politiques de racisation, organisation de la prise en charge, lieu et type d’hébergement, école, camps, foyers…), la relation aux autres (familles, parents, frères et sœurs, autres enfants, éducateurs·trices religieux ou laïcs, Français·es de métropole…) et les processus d’identification (race, genre, pays d’origine, affiliation religieuse, climat et nourriture, langue et culture, changement de prénom et/ou nom, famille restée au pays…).
Les propositions de communication peuvent porter sur tous les espaces coloniaux en contexte de décolonisation et s’inscrire dans les trois axes suivants :
Axe 1 : Enjeux postcoloniaux des déplacements d’enfants métis.
La réflexion porte sur les enfants métis nés des relations entre des pères coloniaux (soldats, colons…) et des mères indigènes. L’enfance et la jeunesse métisses sont porteuses d’enjeux postcoloniaux décisifs et sont donc sujettes à des biopolitiques conservatoires ou prospectives au crépuscule de l’empire colonial français. Pourront être étudiés : les acteurs des déplacements d’enfants métis et leurs intentions ; la dimension postcoloniale des rôles assignés aux enfants métis, ce qui renvoie à la construction sociale des métissages, aux injonctions d’intégration et en même temps la volonté de faire jouer parfois à ces enfants un rôle de trait d’union avec les colonies perdues ; les facteurs de résilience et les modalités de la (re)construction subjective des enfants ou des jeunes métis déplacés.
Axe 2 : La relation familiale à l’épreuve des mobilités contraintes de la décolonisation.
Il s’agit d’interroger l’articulation entre mobilités et relations familiales. Le déplacement contraint affecte les liens des individus avec leurs proches. La confrontation entre une expérience de départ connue dans la prime enfance et une norme familiale dominante dans la société d’accueil éclaire les ajustements identitaires qui furent souvent nécessaires. La rupture familiale et ses effets interrogent les modalités, les logiques et les processus des biopolitiques postcoloniales et leurs effets sur la construction individuelle des enfants. Les communications peuvent porter sur toutes les relations familiales : parents enfants, mais aussi relations internes aux familles – grands-parents, tantes et oncles, cousins – et en particulier les relations entre frères et sœurs. Les réflexions peuvent porter sur les séparations parfois multiples, l’évolution des relations au cours de l’exil, notamment en observant les parcours des familles sur plusieurs générations afin d’observer les traces des mobilités de manière intergénérationnelle mais aussi transgénérationnelle. On peut enfin s’intéresser aux recompositions familiales et aux retrouvailles entre membres restés au pays d’origine et membres ayant dû migrer vers les métropoles.
Axe 3 : L’insertion des enfants déplacés : (re)composition des trajectoires au regard de l’âge et du genre.
Cette thématique comporte deux aspects : les politiques « d’intégration » décidées par les É tats et les dimensions subjectives de l’insertion, qui peuvent être activées en réponse aux discours de l’intégration comme injonction politique et sociale. Il s’agit de souligner la capacité d’agir des enfants – même si celle-ci peut parfois être qualifiée de thin agency et de comprendre leur manière de naviguer pour saisir des opportunités dans des contextes de contraintes diverses. Les enfants déplacés ont souvent eu un sentiment de grande incompréhension vis-à-vis des déplacements dont ils ont fait l’objet. Des interventions ont cherché à façonner leur identité, au regard de critères de genre, d’âge et de race. Comment ces enfants ont-ils pu se construire individuellement en tant que sujet, femme/homme, métis/personne non-blanche et migrant·e ? Quelles mémoires coloniale et postcoloniale l’enfance a-t-elle produit ? Un intérêt sera également accordé à la mémoire sur plusieurs générations, les descendant·es réclamant parfois un « récit des origines ».
NB :
Les propositions de communications portant une attention particulière aux traces de soi, notamment photographiques, en raison du rôle crucial qu’elles peuvent jouer dans les mécanismes de construction des trajectoires, seront particulièrement appréciées.
Si l’approche historique est privilégiée, les organisateur · rices du colloque invitent plus largement les chercheur · es en sciences humaines et sociales à proposer des interventions.
Modalités de soumission :
Les propositions de communication, d’une longueur de 2 000 signes maximum et comprenant un titre, une présentation de la méthode mise en œuvre et des sources mobilisées, accompagnées d’un court CV (une page), sont à envoyer par mail à [ mailto:yves.denechere@univ-angers.fr | yves.denechere@univ-angers.fr ] et [ mailto:zoe.grumberg@univ-angers.fr | zoe.grumberg@univ-angers.fr ] avant le 15 octobre 2023 . Les organisateur·rices indiqueront les propositions retenues par le comité scientifique le 15 novembre 2023.
NB Pour chaque communication retenue un résumé d’une page devra être envoyé avant le colloque en avril 2024. Un projet de publication est prévu. Les textes complets devront être déposés en septembre 2024 et ne seront retenus qu’après évaluations scientifiques.
Les frais d’hébergement et de restauration seront pris en charge par l’organisation, les déplacements dans la mesure du possible.
Organisateurs :
– Yves Denéchère, professeur d’histoire contemporaine, coordinateur scientifique du programme EN-MIG, Université d’Angers-UMR TEMOS
– Raphaëlle Branche, professeure d’histoire contemporaine, responsable scientifique du programme EN-MIG, Université Paris-Nanterre-ISP
– Violaine Tisseau, chargée de recherche CNRS en histoire contemporaine, responsable scientifique du programme EN-MIG, CNRS-IMAF
– Zoé Grumberg, chercheuse post-doctorante en histoire contemporaine du programme EN-MIG, Université d’Angers-UMR TEMOS