Passeurs culturels et politique du fascisme
PASSEURS CULTURELS ET POLITIQUES DU FASCISME ITALIEN EN EUROPE (1922-1943)
Journée d’étude organisée sous l’égide de l’ANR EUROFA (CMMC-SIRICE) par Olivier Dard (Sorbonne Université, UMR SIRICE) et Jérémy Guedj (Université Côte d’Azur, CMMC) le 13 juin 2023 à la Maison de la Recherche, 28 rue Serpente (salle Molinié).
Argumentaire :
Nous entendrons ici les passeurs comme des acteurs politiques et/ou culturels individuels ou collectifs pouvant être considérés comme des médiateurs mais aussi des vulgarisateurs. Ces passeurs peuvent agir sur un mode vertical en diffusant leurs écrits en directions de publics qu’ils cherchent à conquérir à leur cause et jouer ainsi un rôle d’éveilleurs. Mais les passeurs peuvent aussi agir sur un mode horizontal, à l’échelle de territoires qui sont aussi bien des pays que des continents. Ces acteurs, souvent polyglottes, font sauter les barrières linguistiques en s’appropriant et en revisitant des références ou des thématiques venues d’une autre aire culturelle et en l’adaptant à des contextes ou des enjeux qui n’étaient pas nécessairement ceux du point d’ancrage originel. On est ici pleinement au cœur d’un processus bien connu de transferts culturels et politiques, un chantier que cette journée consacrée au fascisme italien hors de la péninsule entend bien enrichir en s’attachant à différents passeurs européens du fascisme italien.
L’histoire des passeurs croise différents objets relevant de l’histoire des idées politiques. Elle peut être entendue aussi comme celle des œuvres et des discours majeurs, comme ceux de Mussolini. Elle met ainsi en jeu des préfaciers comme des traducteurs et des traductrices, à l’instar de la « trop zélée » Maria Croci (1874-1965), chargée de la traduction des Œuvres complètes de Mussolini pour le compte des éditions Flammarion durant les années 1930. L’intérêt de tels écrits ne saurait occulter l’importance des vulgates entendues comme des précis doctrinaux traduits de l’italien ou des écrits rédigés par des nationaux soucieux d’expliciter à leurs lecteurs les fondements et les réalisations du fascisme italien. À cette prose doctrinale s’ajoutent nombre de récits de voyage et de reportages publiés sous la forme d’articles dans des quotidiens ou des revues et parfois repris en volume et présentés ensuite sous la forme de conférences publiques. Ce corpus permet de prendre la mesure des circulations et des transferts autour de thématiques et de références centrales à prendre en considération pour saisir ce qu’il en est de la confrontation des sociétés européennes au fascisme italien tout autant que l’image qu’il entend voir diffuser à l’étranger. Le fascisme italien ne saurait ainsi se comprendre comme un modèle politique italo-centré et se montre très ouvert au reste du continent européen. Pour s’y développer et s’y renforcer, il a entrepris de s’appuyer sur des supports et des vecteurs qui sont aussi bien des relais éditoriaux et politiques que des groupements (fasci) et des institutions (consulats, Maison d’Italie, Dante Alighieri) présentes hors d’Italie mais contrôlées par le régime qui enrôle et mobilise à leur service des passeurs dument identifiés. Leur histoire ne relève donc pas seulement de l’histoire des acteurs et des organisations politiques mais également de celle des politiques culturelles de l’État fasciste italien à l’étranger et celle de sa diplomatie dont elle est inséparable. Dans ces conditions, la réflexion portée sur les acteurs, les échelles territoriales et les modes de circulations devra donner toute sa place aux temporalités qui scandent le Ventennio de la Marche sur Rome à la chute du Duce.
Programme de la journée :
9 h – 9 h 30 : Accueil et présentation de la journée
Session I : 9 h 30 – 12 h 30
Présidence : Emmanuel Mattiato (université de Savoie)
9 h 30-10 h : Marco Cuzzi (université de Milan) : « L’Internationale des chemises noires : les comités d’action pour l’universalité du fascisme et l’Europe »
10 h-10 h 30 : Jérémy Guedj (université Côte d’Azur / CMMC) : « Le Comité France-Italie, passeur involontaire du fascisme ? »
10 h 30-10 h 45 : pause
10 h 45-11 h 15 : Olivier Dard (Sorbonne Université / SIRICE) : « Le Congrès italo-français d’études corporatives de mai 1935 au prisme du passage »
11 h 15- 11 h 45 : Stéphanie Lanfranchi (ENS Lyon / UMR Triangle) : « Traduire Mussolini dans la France de l’entre-deux-guerres : une « histoire fâcheuse » ? Eugène Marsan et MariaCroci, passeurs et traducteurs du Dux de Margherita Sarfatti et des œuvres et discours de Mussolini »
11 h 45-12 h 30 : Discussion sur les communications de la première session
Session II : 14 h 30 – 17 h 30
Présidence : Jean-Yves Frétigné (université de Rouen)
14 h 30-15 h : Clara Lorenzelli (ENS Lyon / LMU München) : Les conférenciers du régime, passeurs du fascisme à l’étranger (1922-1943)
15 h-15 h 30 : Florin Turcanu (université de Bucarest) : « Per l’Italia nella sua Lotta. L’historien roumain Nicolae Iorga et le fascisme italien de la défiance à l’engagement »
15 h 30-16 h : Manuelle Peloille (université d’Angers / 3 L. AM) : « Passeurs du fascisme en Espagne : état des lieux »
16 h-16 h 15 : Pause
16 h 15 -17 h : Discussion sur les communications de la seconde session
17 h-7 h 30 : Discussion générale
Journée d’étude organisée sous l’égide de l’ANR EUROFA (CMMC-SIRICE) par Olivier Dard (Sorbonne Université, UMR SIRICE) et Jérémy Guedj (Université Côte d’Azur, CMMC) le 13 juin 2023 à la Maison de la Recherche, 28 rue Serpente (salle Molinié).
Argumentaire :
Nous entendrons ici les passeurs comme des acteurs politiques et/ou culturels individuels ou collectifs pouvant être considérés comme des médiateurs mais aussi des vulgarisateurs. Ces passeurs peuvent agir sur un mode vertical en diffusant leurs écrits en directions de publics qu’ils cherchent à conquérir à leur cause et jouer ainsi un rôle d’éveilleurs. Mais les passeurs peuvent aussi agir sur un mode horizontal, à l’échelle de territoires qui sont aussi bien des pays que des continents. Ces acteurs, souvent polyglottes, font sauter les barrières linguistiques en s’appropriant et en revisitant des références ou des thématiques venues d’une autre aire culturelle et en l’adaptant à des contextes ou des enjeux qui n’étaient pas nécessairement ceux du point d’ancrage originel. On est ici pleinement au cœur d’un processus bien connu de transferts culturels et politiques, un chantier que cette journée consacrée au fascisme italien hors de la péninsule entend bien enrichir en s’attachant à différents passeurs européens du fascisme italien.
L’histoire des passeurs croise différents objets relevant de l’histoire des idées politiques. Elle peut être entendue aussi comme celle des œuvres et des discours majeurs, comme ceux de Mussolini. Elle met ainsi en jeu des préfaciers comme des traducteurs et des traductrices, à l’instar de la « trop zélée » Maria Croci (1874-1965), chargée de la traduction des Œuvres complètes de Mussolini pour le compte des éditions Flammarion durant les années 1930. L’intérêt de tels écrits ne saurait occulter l’importance des vulgates entendues comme des précis doctrinaux traduits de l’italien ou des écrits rédigés par des nationaux soucieux d’expliciter à leurs lecteurs les fondements et les réalisations du fascisme italien. À cette prose doctrinale s’ajoutent nombre de récits de voyage et de reportages publiés sous la forme d’articles dans des quotidiens ou des revues et parfois repris en volume et présentés ensuite sous la forme de conférences publiques. Ce corpus permet de prendre la mesure des circulations et des transferts autour de thématiques et de références centrales à prendre en considération pour saisir ce qu’il en est de la confrontation des sociétés européennes au fascisme italien tout autant que l’image qu’il entend voir diffuser à l’étranger. Le fascisme italien ne saurait ainsi se comprendre comme un modèle politique italo-centré et se montre très ouvert au reste du continent européen. Pour s’y développer et s’y renforcer, il a entrepris de s’appuyer sur des supports et des vecteurs qui sont aussi bien des relais éditoriaux et politiques que des groupements (fasci) et des institutions (consulats, Maison d’Italie, Dante Alighieri) présentes hors d’Italie mais contrôlées par le régime qui enrôle et mobilise à leur service des passeurs dument identifiés. Leur histoire ne relève donc pas seulement de l’histoire des acteurs et des organisations politiques mais également de celle des politiques culturelles de l’État fasciste italien à l’étranger et celle de sa diplomatie dont elle est inséparable. Dans ces conditions, la réflexion portée sur les acteurs, les échelles territoriales et les modes de circulations devra donner toute sa place aux temporalités qui scandent le Ventennio de la Marche sur Rome à la chute du Duce.
Programme de la journée :
9 h – 9 h 30 : Accueil et présentation de la journée
Session I : 9 h 30 – 12 h 30
Présidence : Emmanuel Mattiato (université de Savoie)
9 h 30-10 h : Marco Cuzzi (université de Milan) : « L’Internationale des chemises noires : les comités d’action pour l’universalité du fascisme et l’Europe »
10 h-10 h 30 : Jérémy Guedj (université Côte d’Azur / CMMC) : « Le Comité France-Italie, passeur involontaire du fascisme ? »
10 h 30-10 h 45 : pause
10 h 45-11 h 15 : Olivier Dard (Sorbonne Université / SIRICE) : « Le Congrès italo-français d’études corporatives de mai 1935 au prisme du passage »
11 h 15- 11 h 45 : Stéphanie Lanfranchi (ENS Lyon / UMR Triangle) : « Traduire Mussolini dans la France de l’entre-deux-guerres : une « histoire fâcheuse » ? Eugène Marsan et MariaCroci, passeurs et traducteurs du Dux de Margherita Sarfatti et des œuvres et discours de Mussolini »
11 h 45-12 h 30 : Discussion sur les communications de la première session
Session II : 14 h 30 – 17 h 30
Présidence : Jean-Yves Frétigné (université de Rouen)
14 h 30-15 h : Clara Lorenzelli (ENS Lyon / LMU München) : Les conférenciers du régime, passeurs du fascisme à l’étranger (1922-1943)
15 h-15 h 30 : Florin Turcanu (université de Bucarest) : « Per l’Italia nella sua Lotta. L’historien roumain Nicolae Iorga et le fascisme italien de la défiance à l’engagement »
15 h 30-16 h : Manuelle Peloille (université d’Angers / 3 L. AM) : « Passeurs du fascisme en Espagne : état des lieux »
16 h-16 h 15 : Pause
16 h 15 -17 h : Discussion sur les communications de la seconde session
17 h-7 h 30 : Discussion générale