Les conditions de travail des docteur·es et doctorant·es en histoire contemporaine
Consciente des difficultés auxquelles font face les doctorant.e.s, notamment non titulaires de contrat doctoral, et les docteur.e.s après leur thèse, l’AHCESR a lancé au printemps 2019 une enquête pour mieux les connaître et réfléchir aux mesures qui pourraient être demandées ou prises pour les aider dans leur carrière. 235 personnes ont répondu au questionnaire, dont 57 % de docteur.e.s et 43 % de doctorant.e.s, avec une bonne variété et une très probable représentativité de la population visée en termes de genre, d’âge, de lieu d’inscription en thèse et de thèmes, périodes et zones géographiques étudiées.
Les réponses témoignent des fortes inégalités entre parcours doctoraux et des difficultés rencontrées par beaucoup. 40 % des répondant.e.s n’ont pas été financé.e.s spécifiquement pour leur thèse, ou pour moins d’un an. Bon nombre occupent un autre emploi pendant leur thèse, et pas uniquement dans l’enseignement secondaire. Les personnes en poste dans le secondaire travaillent presque toujours à temps plein. L’obtention des concours du secondaire reste toutefois corrélée avec celle d’un financement de thèse et, ensuite, avec la qualification par le CNU. Les docteur.e.s qui nous ont répondu sont en majorité en poste stable dans le secondaire ou en poste temporaire dans le supérieur ou la recherche – ce poste n’étant que rarement un post-doctorat. Trois quarts seulement des répondant.e.s ont déjà pu enseigner dans le supérieur ; or cet élément apparaît crucial pour obtenir la qualification.
Dans ces conditions, les principales contraintes pour l’activité de recherche, pendant ou après la thèse, sont le manque de temps (qui nuit notamment à la publication de la thèse, que beaucoup des répondant.e.s ont pourtant réussi à mener à bien), suivi par la difficulté d’accès aux bibliothèques et la non reconnaissance des activités de recherche. Cette non reconnaissance existe tant dans l’enseignement secondaire (mais avec une grande diversité de situations selon les établissements) que dans les autres secteurs professionnels du public et du privé.
Malgré tout, soulignons-le, les répondant.e.s parviennent pour la plupart à maintenir une forte activité de recherche (publications, colloques, etc.).
Ils et elles font des propositions intéressantes pour améliorer la reconnaissance des activités de recherche. Ces propositions s’adressent aux chefs d’établissement du secondaire, aux inspecteurs, aux recruteur.se.s du privé, aux ministères (avec la demande de décharges horaires pour activités de recherche pour les enseignant.e.s du secondaire et évidemment le problème crucial du nombre de postes ouverts dans le supérieur), mais aussi à nous, personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche. Il nous est notamment demandé de ne pas infantiliser les doctorant.e.s, de revoir les critères de recrutement dans le supérieur, de mieux mettre en valeur la dimension professionnalisante du doctorat, de mieux traiter les chercheur.se.s associé.e.s aux laboratoires.
Sur la base de cette analyse réalisée par Claire Lemercier et Clément Thibaud – analyse que vous pouvez retrouver ici dans une version plus détaillée et chiffrée, question par question –, le bureau de l’AHCESR prendra position dans les mois qui viennent sur des mesures qui pourraient être prises pour améliorer la situation.