Compte rendu de l’Assemblée générale du 25 janvier 2019

1/ Rencontre sur le thème des « Archives contemporaines : comment les choisir et les conserver ? »

L’assemblée générale proprement dite est précédée par une rencontre sur le thème : « Archives contemporaines : comment les choisir et les conserver ? », elle propose un dialogue entre acteurs de la conservation des archives et historiens contemporanéistes sur la question de la sélection des sources contemporaines. Elle débute en Sorbonne (salle J 636) à 14h.

Clément Thibaud, président de l’AHCESR, rappelle que l’idée d’organiser cette rencontre découle de l’émoi suscité en novembre 2017 par la fuite d’un document interne du comité d’action publique 2022 visant à réduire le flux de la collecte annuelle et de « dématérialiser massivement les archives ». C’est ainsi du moins que la chose était parue dans la presse. Puis le débat s’est déplacé autour de la notion « d’archives essentielles », à propos de ce qu’il fallait conserver et détruire en ces temps de disette budgétaire. Le contexte de l’inondation partielle des Archives de Fontainebleau (en juillet 2015) n’aidait en rien à calmer les esprits. Cette controverse a eu au moins l’intérêt de faire prendre conscience du fait que l’une des fonctions du service public des archives était précisément d’opérer une sélection parmi les archives du très contemporain. Celle-ci est bien sûr nécessaire puisque tout ne peut pas être gardé. Mais quels sont les critères de cette sélection ? Quel rôle peuvent jouer les historiens contemporanéistes dans cette tâche ? Ces questions relèvent à la fois d’un pari sur l’évolution de l’historiographie future, mais aussi d’une politique de conservation qui a ses règles, ses logique et ses limites, notamment budgétaires.

Trois acteurs de la conservation des archives ont été invités à intervenir :

– Yann Potin, chargé de mission aux Archives Nationales : « Forger au présent le passé du futur : l’empire des lacunes et les régimes successifs de mises en archives contemporaines (XVIIIe-XXIe siècle) »

– Margot Georges, archiviste au service commun de la documentation, des bibliothèques et des archives de l’EPHE, qui prépare une thèse consacrée aux « Chercheurs en laboratoire et leurs archives : étude des représentations dans les sciences du végétal » : « La sélection naturelle comme politique de collecte : sauver ou oublier les archives de la recherche »

– François Banat-Berger, directrice des Archives Nationales : « La pratique de la sélection des archives contemporaines par les archivistes »

On peut suivre la mise en ligne progressive des interventions et de documents liés par Claire Lemercier sur le site de l’AHCESR. Cela permettra de mieux faire connaître à nos collègues l’histoire et les règles de la collecte, de la sélection et de la conservation des archives du temps présent.

Après les interventions commence la discussion générale, suivie de l’Assemblée générale proprement dite qui a commencé à 16h30.

2/ Assemblée générale de l’AHCESR

Présents : Éric Anceau, J. Bonnin, Jean-Claude Caron, Noëlline Castagnez, Carole Christen, Olivier Dard, Noëlle Dauphin, Jean-Marc Delaunay, Bruno Delmas, Laurent Dornel, Jean El Gammal, Véronique Hébrard, Claire Lemercier, Josette Rivallain, Clément Thibaud, Pierre Verschueren.

Excusés : Julie d’Andurain, Jérôme Bazin, Michel Catala, Alain Chatriot, Yvan Combeau, Stéphane Frioux, Laurence Guignard, Stéphane Lembré, Jean-Noël Luc, Manuela Martini, Amélie Nuq, Nicolas Patin, Franck Philippe, Michel Rapoport, Viera Rebolledo-Dhuin, Nadine Vivier.

A/ Rapport moral de Clément Thibaud et Carole Christen, président et secrétaire générale

Après avoir remercié de leur présence les membres du bureau, du conseil d’administration et les adhérents de l’association, Clément Thibaud souligne combien le bilan présenté résulte d’un vrai travail d’équipe, fondé sur des engagements individuels ou collectifs, à partir de projets discutés en amont. Il remercie en particulier l’engagement des membres du bureau ainsi que ceux du conseil d’administration pour leurs soutiens et missions remplies, notamment aux Archives Nationales et pour leurs évaluations des articles concourant au prix du meilleur article. Il rappelle que la raison du report de l’Assemblée générale de l’automne 2018 au 25 janvier 2019 est liée à la difficulté de trouver une date qui permettait de réunir le même jour les intervenants de la rencontre prévue, les membres du bureau et du CA et de remettre le Prix au lauréat. 

Clément Thibaud rappelle que les activités de l’AHCESR ont été très nombreuses cette année dans le contexte de réformes diverses, souvent très critiquables (Parcoursup, Bac, CAPES, frais d’inscription pour les étrangers non communautaires). L’Association s’est saisie d’enjeux collectifs qui ont marqué l’actualité et ont fait controverse (comme la parité ou les archives du très contemporain). Elle a continué à suivre les dossiers traditionnels, comme les concours, tout en réfléchissant aux projets que nous avons pour l’avenir. Tout cela permet de bien souligner la double vocation de l’AHCESR comme association professionnelle et société savante dont le rôle est d’informer et d’agir au nom de tous les historiens contemporanéistes tout en rendant compte des débats scientifiques qui marquent notre discipline.

– Trois motions ont été rédigées : la première, du 5 février 2018, concerne la réforme du baccalauréat et de Parcoursup ; la deuxième, le 27 novembre 2018, dénonce la hausse des frais d’inscription des étudiants étrangers « non communautaires », elle a été publiée dans Le Monde du 11 décembre 2018, « L’accès au savoir doit être libre et sans frontières » ; la troisième porte sur la parité suite à la Tribune publiée dans Le Monde du 3 octobre, « Mettons fin à la domination masculine en histoire ».

– L’AHCESR a été appelée à donner son avis ès qualités dans deux grandes institutions :

  • L’HCERES qui nous a contactés avec les autres associations d’historiens, le CNU et la section 33 du CNRS pour donner notre avis sur la définition des « produits et activités de recherche » et la forme que devrait prendre les évaluations futures des unités. Julie d’Andurain, vice-présidente de l’association, nous représentait à la réunion qui a eu lieu le 9 avril 2018. Nous avons plaidé contre les évaluations quantitatives, les ranking, une internationalisation qui ne se ferait pas qu’en anglais, et pour tenir compte des particularités de la discipline (l’importance fondamentale des livres publiés en nom propre, par exemple), des pratiques collectives de la recherche et de ses produits parfois dévalorisés (comme les ouvrages collectifs). Le document du HCERES issu de la réunion reprend largement ces points.
  • Les Archives nationales nous ont proposé de siéger depuis le printemps dernier au comité des usagers des Archives nationales. Alain Chatriot a participé le 10 septembre 2018 à la première réunion ; Claire Lemercier a participé à la deuxième qui a eu lieu le 3 décembre 2018. Un compte rendu à l’usage des contemporanéistes devrait être rendu disponible sur le site de l’association.

– Une rencontre des quatre président.e.s des sociétés professionnelles d’historien.ne.s (Catherine Grandjean pour la SoPHAU, Dominique Valérian pour la SHMESP, Lucien Bély pour l’AHMUF, et Clément Thibaud pour AHCESR) avec Thierry Coulhon, conseiller spécial de la Présidence de la République pour l’Enseignement Supérieur et la Recherche a eu lieu le 28 mai 2018 à l’Élysée. Le compte rendu de cet entretien a été mis en ligne sur notre site.

– Les actions avec les sociétés sœurs (SOPHAU, SHMESP, AHMUF dont le nouveau président est Nicolas Le Roux) se sont poursuivies. La question de la réforme du CAPES d’histoire/géographie a été discutée lors du 22 octobre. Il ressort que les inquiétudes sont fortes face à la transformation prévue du concours (régionalisation possible, formation échappant aux départements d’histoire, marginalisation des enseignants-chercheurs dans le jury du concours, suppression d’un programme, etc.) et à la réduction du nombre des postes. Une réunion doit avoir lieu prochainement avec la Direction générale des Ressources Humaines du MEN pour aborder ces problèmes.

– Une rencontre avec Isabelle Heullant-Donat, présidente du concours de l’agrégation d’histoire, a eu lieu le 8 novembre. Le nombre de poste à l’agrégation (72 postes en 2018) est inchangé en 2019 (voir http://www.devenirenseignant.gouv.fr/cid107586/postes-concours-enseignants-de-la-session-2019.html).

– L’AHCESR participe à une Confédération des sociétés savantes françaises, elle fait partie des 7 sociétés initiatrices de la démarche de rapprochement des sociétés savantes dont le but est de réfléchir aux missions et modes d’organisation des sociétés savantes afin de défendre la démarche scientifique (et les chercheurs) dans le contexte à la fois des fake news mais aussi des réductions budgétaires.

Une lettre a été rédigée et envoyée aux parlementaires pour soutenir le financement de la recherche et une conférence téléphonique a eu lieu le 28 novembre avec Amélie de Montchalin, députée LREM, rapporteuse du budget, afin de présenter les vœux des sociétés savantes en faveur de la recherche publique. L’AHCESR entend adhérer à la charte des sociétés savantes écrite dans le cadre de cette initiative.

Les projets à venir sont ensuite présentés :

  • Le premier concerne l’organisation d’une Nuit de l’histoire avec les autres sociétés sœurs, pour le printemps 2020. Les quatre sociétés professionnelles et l’APHG auraient un rôle de coordination des activités qui auraient lieu dans toute la France, et seraient organisées par des partenaires. Un logo spécifique et une labellisation doivent être déterminés pour cette « Nuit de l’Histoire ». Julie d’Andurain, vice-présidente, a un contact qui peut se charger d’imaginer des propositions pour ce logo.
  • Le deuxième est l’organisation du 50e anniversaire de l’AHCESR le 20 décembre 2019 qui suppose un travail de recherche dans les archives de l’Association que Clément Thibaud a commencé à faire. Les anciens présidents et membres du bureaux seront sollicités pour organiser ce jubilé qui permettra de retrouver la mémoire de l’Association et de s’interroger sur l’évolution de l’histoire contemporaine depuis 1969.
  • Deux enquêtes sont en cours d’élaboration : la première porte sur les docteurs en histoire contemporaine sans poste (questionnaire finalisé par Claire Lemercier et Clément Thibaud) et la deuxième sur l’enseignement de l’histoire contemporaine dans les universités françaises aujourd’hui (questionnaire réalisé par Laurent Dornel)

Carole Christen, secrétaire générale, fait un point sur le prix 2018 de l’AHCESR ; 14 articles ont été reçus, tous recevables, soit deux fois moins que l’année dernière (30 reçus dont 28 recevables et 23 en 2016 dont 21 recevables). C’est Pierre Verschueren, maître de conférences à l’Université de Franche-Comté, qui a obtenu le prix cette année.

Carole Christen présente ensuite la journée d’étude qui aura lieu le 25 mai prochain en Sorbonne (amphi Descartes) et sera consacrée à la question du programme de CAPES et d’agrégation sur « Culture, médias, pouvoir aux États-Unis et en Europe occidentale 1945-1991 ». Les intervenants prévus sont : Jean El Gammal (Université de Lorraine), Didier Francfort (Université de Lorraine), Pascale Goetschel (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Romain Huret (EHESS), Caroline Moine (Université de Saint-Quentin-en-Yvelines) et Myriam Tsikounas (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Cette journée prendra la forme de celle que nous avions organisée il y a deux ans sur la question du programme aux concours sur l’histoire du Moyen-Orient de 1876 à 1980 (les différentes communications ont été enregistrées et mises sur notre site).

 Claire Lemercier, vice-présidente et webmestre, fait ensuite le point sur l’activité en 2018 du site Internet de la liste de diffusion de l’AHCESR. Le site se maintient entre 1 500 et 3 500 « visiteurs différents par mois » depuis un an environ, avec de fortes variations entre mois (sans doute parce que les visites arrivent en bonne partie à partir de la liste de diffusion). Les pages les plus visitées en décembre 2018 sont :

Cela montre l’équilibre entre d’un côté les pics de visites liés à une actualité de la profession, de l’autre le succès pérenne de pages d’intérêt scientifique permanent (ce qui justifie la mise en ligne de contenus denses, ainsi que la poursuite des « journées concours », dont l’audience dépasse largement leurs participant.es direct.es). En janvier 2019, l’annuaire est en 3e position, ce qui souligne l’intérêt de l’enrichir et de l’actualiser, mais aussi le fait qu’il répond d’ores et déjà à un besoin. À noter, parmi les sites qui renvoient des lecteur.trices vers le nôtre, un précieux tableau de bord d’actualités en histoire contemporaine disponible ici : https://www.netvibes.com/wapiti1804#actualites  N’hésitez pas à signaler l’intérêt de notre site en général, ou de certaines de ses pages en particulier, dans votre laboratoire, et à inclure ou faire inclure des liens vers ces pages dans des sites touchant à la recherche en histoire contemporaine ou à la profession. Le répertoire des thèses soutenues n’apparaît pas dans le hit-parade de décembre-janvier, car il est surtout consulté au moment de sa publication, mais son succès est réel. L’équipe constituée par Julie d’Andurain, Stéphane Lembré, Claire Lemercier, Manuela Martini, Nicolas Patin et Clément Thibaud est maintenant bien rodée pour produire un contenu riche deux ou trois fois par an. Lors de la prochaine livraison, nous devrions atteindre un total de 1 000 thèses signalées depuis novembre 2012.

La liste de diffusion continue à s’élargir doucement, depuis le palier longtemps stable de 1 100 abonné.e.s jusqu’à 1 250 en juin dernier et 1 320 aujourd’hui. Le nombre de messages paraît se stabiliser au nombre élevé, mais qui reste gérable, de 3 par jour ouvrable en moyenne (350 environ au 2e semestre 2018). La modération fonctionne bien, avec en alternance Julien d’Andurain, Noëlline Castagnez, Stéphane Frioux, Claire Lemercier, Nicolas Patin et Michel Rapoport. 

B/ Rapport financier pour l’exercice 2018 de Laurence Guignard, trésorière.

Carole Christen donne lecture du rapport de Laurence Guignard.

  1. Les résultats 

Le budget 2018 est largement bénéficiaire de 2 823,70 € ; les recettes s’élèvent à 3 878,10 €. Elles sont issues des cotisations pour un montant de 3 777 € qui correspondent à 170 cotisations (159 l’année dernière, 170 en 2016, 166 en 2015, 169 en 2014, 140 en 2013), parmi lesquelles deux nouveaux membres institutionnels (cotisation spécifique de 140 euros) : les Archives Nationales et Armand Colin. 16 % de ces cotisations ont été réglées via Paypal. Le montant des intérêts du livret A s’élève à 101,19 €. La situation de trésorerie donne une assise confortable de 24 974,02 €

On peut signaler plusieurs nouveautés :

La mise en place du règlement par Paypal qui a été utilisé à 50 % pour le dernier appel. Les frais de Paypal sont assez couteux, mais restent moins élevés que ceux correspondant au service équivalent proposé par la Banque postale (170 euros d’abonnement annuel + un pourcentage sur chaque opération).

– La création d’une cotisation spécifique pour les membres institutionnels fixée à 140 €.

– La possibilité de faire des dons en ligne via Paypal, assez peu utilisée pour l’instant.

  1. Les perspectives

Il est nécessaire d’élargir le nombre de cotisations, compte tenu de l’écart avec le nombre d’adhérents à la liste de diffusion. Les démarches pour créer un compte chèque association, permettant de rémunérer facilement des vacataires pour de petites tâches sont en cours.

AHCESR. Compte de résultat 2017-2018

(arrêté au 31/12/2018)

RECETTES   DEPENSES  
Cotisations (chèques, espèces, virement, paypal) 3 777,00 € Prix 2017 500
Chèque SNCF 289,2
Livret A intérêts acquis 101,10 € Repas intervenant table ronde du 8 juin 2018 49,4
Participation repas sociétés savantes du 6 septembre 2018 100,00
Frais tenue de compte 78,90
Frais Paypal 32,00
Frais divers (timbres) 4,90
Total 3 878,10 € Total 1 054,40 €
Bilan 2 823,70 €

BILAN AU 20/01/2018

ACTIF PASSIF
Relevé compte courant Banque Postale au 20 janvier 2019                           4 200,30 € Report de l’exercice comptable au 9 novembre 2017    22 150,32 €
Livret A 20 773,72 € Résultat de l’exercice 2018/2019    2 823,70 €
TOTAL 24 974,02 € TOTAL    24 974,02 €

3/ Remise du prix de l’AHCESR

 Clément Thibaud présente le parcours de Pierre Verschueren, lauréat du prix 2018 de l’AHCESR 2018. Aujourd’hui maître de conférences à l’Université de Franche-Comté et chercheur au Centre Lucien Febvre, est un ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé d’histoire, ancien pensionnaire annuel de la Maison française d’Oxford, il a fait une thèse sous la direction de Christophe Charle, à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, intitulée : Des savants aux chercheurs. Les sciences physiques comme métier (France, 1945-1968), soutenue le 8 décembre 2017. Il a publié de nombreux articles sur la sociohistoire des physiciens et sur la construction des rapports d’autorité et des processus de légitimation dans les Sciences physiques, dans une perspective à la fois micro-historique et transnationale. Il s’est intéressé à la construction des carrières, à travers l’analyse des différentes épreuves que devaient subir les scientifiques pour « faire carrière ».

Son article couronné est intitulé « Les rapports de thèses de doctorat ès sciences physiques, révélateurs des normes de la science. Le Jeune-Turc, le mandarin et la recherche (1944-1959) », et il a paru dans la revue Vingtième siècle dans sa livraison d’octobre-décembre 2016. Cet article témoigne d’un équilibre remarquable entre présentation des données et problématisation. Le jury a apprécié l’originalité du sujet, traité à partir d’un corpus des sources dont l’article analyse l’implicite avec finesse. Il a salué l’élégance de son écriture.Le jury a également souhaité accorder une mention spéciale à deux autres articles finalistes :
– Anne Granier, « Une politique d’abandon surveillé : la zone de Boulogne-sur-Seine pendant l’entre-deux-guerres (1919-1933) », Espaces et sociétés, n° 171, n° 4, 2017, p. 19‑36.

– Ken Daimaru, « Entre blessures de guerre et guerre des blessures : la « balle humanitaire » en débat en Europe et au Japon, 1890-1905 », Le Mouvement Social, n° 257, n° 4, 2016, p. 93‑108. 

L’Assemblée générale prend fin à 17 h 45.