Motion du bureau de l’AHCESR sur la hausse des frais d’inscription des étudiants étrangers « non communautaires »
Annoncée par le premier ministre Edouard Philippe le 19 novembre dernier, la hausse des droits d’inscription à l’Université pour les étudiants étrangers « non communautaires » (portés à 2 770 euros en licence et 3 770 euros en master et en doctorat) nous apparaît comme une mesure pour le moins paradoxale s’il s’agit de les inciter à venir faire leurs études en France. Cette décision frappera d’abord les étudiants des pays les plus pauvres, ceux que leurs gouvernements ne peuvent pas soutenir avec des bourses. Le Maghreb, l’Afrique sub-saharienne et certains pays d’Amérique latine seront particulièrement touchés. Le vivier d’étudiants formés par les lycées français à l’étranger – lycées de moins en moins soutenus par l’Etat et dont les frais d’inscription ont brutalement augmenté ces dernières années – est pour beaucoup issu des classes moyennes émergentes, de même que la plupart des étudiants et doctorants issus des université publiques de ces différents pays. Tous ces étudiants ne pourront acquitter de tels frais d’inscription. Dans un contexte où le soutien aux pays en développement est affirmé comme une priorité du gouvernement, il est difficile d’imaginer mesure plus injuste et contradictoire avec le rôle affiché de la France dans le monde comme facteur de démocratisation par la diffusion des savoirs scientifiques.
Nous, historiennes et historiens contemporanéistes de l’enseignement supérieur et de la recherche, demandons solennellement au gouvernement de revenir sur cette décision qui non seulement détournera des milliers d’étudiants de nos universités et établissements de recherche et empêchera les plus démunis de suivre des formations utiles pour eux-mêmes et pour les pays dont ils sont originaires, mais diminuera l’ouverture internationale et la diversité du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche français, nous privant ainsi d’une richesse d’échanges et de liens nécessaires à la constitution de nos savoirs.
Le bureau de l’Association des Historiens Contemporanéistes de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (AHCESR)